dimanche 27 novembre 2011

Ménopause, bouffées de chaleur et... soja (Menopause, Hot Spots and Soy!)

(English translation below)
Les principaux symptômes de la ménopause sont les bouffées de chaleur accompagnées parfois de sueurs nocturnes. Je viens de le lire sur internet. Je n'avais rien lu jusqu'à present sur la ménopause. A 40 ans, qui s'en soucis? Mais après la perte mes deux ovaires, je suis maintenant en ménopause, une ménopause chirurgicale qui prend place brutalement. Par rapport aux effets de l’opération ou de la chimio, une petite bouffée de chaleur n'avait pas de quoi m'impressionner.

En fait, l’expérience est très difficile et m’a laissée physiquement et psychologiquement très abattue ces derniers jours alors que les symptômes ne semblaient qu’empirer. Mais cette nouvelle épreuve m'a une fois de plus appris une grande leçon, et j'en sors un peu plus forte et plus modeste.

Le problème a commencé avant que je ne sorte de l'hôpital. Le corps a des réserves d'œstrogènes localisées dans les tissus graisseux dans lesquelles il peut puiser pendant quelques semaines. Mais il arrive aussi que le manque d'œstrogènes se fasse sentir presque immédiatement après l'opération d'ablation des ovaires.
Au fil des jours, ma température s'est déréglée de plus en plus fortement, et un rythme journalier s'est mis en place. Typiquement, la matinée se passait bien (je n'avais ni trop chaud ni trop froid). En début d’après midi, mes pieds se glaçaient, puis mes jambes, et tout mon corps se mettait à trembler. Je claquais des dents et j'avais l'impression qu'il ne faisait que 10°C dans la pièce. Pourrait-on appeler ça des "bouffées de froideur"    ? (y a-t-il un terme médical approprié?) Je tremblais très violemment et mes muscles se contractaient, ce qui était très douloureux pour le dos et l’abdomen, qu'on aurait dû laisser tranquillement faire leur travail de cicatrisation. Je devais passer deux ou trois heures sous la couette avec une bouteille d'eau chaude sous mes pieds, pour me réchauffer.

Lorsque finalement je ne me sentais plus glacée, j'avais chaud… très chaud… et parfois je basculais dans l’excès inverse. J'avais une vraie bouffée de chaleur. La bouffée de chaleur fait l'effet d'avoir la fièvre comme pendant une grippe. C'est désagréable mais pas trop invalidant.

Les sueurs nocturnes, elles, sont très fatigantes. Plusieurs nuits d'affilée, je me suis réveillée en début de nuit, totalement trempée. Mon pyjama, mes draps, et même mon oreiller étaient trempés. Pas simplement humides, mais mouillés comme après un essorage machine. Je sentais les grosses gouttes de sueur dégouliner partout sur mon corps comme si j’étais dans un sauna. C'est épuisant de se relever pendant la nuit pour se changer (je suis trop faible pour prendre une douche sinon je l'aurais fait pour tenter de me rafraîchir). Et il fallait boire pour se réhydrater, remplir son verre d'eau… chaque mouvement faisait mal, et j'en avais tellement assez d'avoir mal.
Au final, tout ce bazar me tenait éveillée pendant une partie de la nuit. Ma température semblait redevenir normale vers deux heures du matin. Mais je me réveillais très assoiffée et fatiguée par le manque de sommeil. La tête me tournait légèrement pendant les premières heures de la matinée, ce qui arrive lorsque l'on combine une déshydratation et une pression artérielle déjà basse. Je buvais des boissons sportives pour m'hydrater au maximum.

A cause de tout cela, ces derniers jours je n'avais plus l'impression de progresser. Je ne marchais pas beaucoup car j'avais toujours très mal quand j'essayais. Mes grandes marches ont été mes deux visites à l'hôpital pour des examens de routine. Je ne suis pas sortie dans le parc que j'adore, situé à 200 m de mon appartement, car j'avais trop mal. Mon moral a commencé à chuter. Est-ce que ces symptômes allaient durer pendant des mois!?

Mon médecin n’avait rien à me proposer pour me soulager. Cela semble, il est vrai, bien secondaire. Ou peut-être la médecine traditionnelle n’a-t-elle aucun remède hormis des hormones que l’on ne va pas m’offrir pendant un traitement chimio?

Une solution est finalement apparue avant-hier : le lait de soja. Pardon ? Ma copine Gail est venue me voir et en me voyant en mauvais état, a juré que le lait de soja contenait des oestrogènes naturels et que l’on pourrait peut être essayer. Elle est remontée sur son vélo pour aller m'en acheter. Quelques minutes plus tard, nous nous faisions une petite dégustation de laits de soja aux différents parfums.

Je suis du genre scientifique pure et dure. Je ne crois à rien sans preuves concrètes et mesurables. Je lis la rubrique "Bad Science" de Ben Goldacre, et comme lui, je ne crois ni aux remèdes miracles ni aux para-sciences. Il me faut des résultats publiés dans des revues autorisées d'études en double aveugle avec placebos (et de préférence répliqués par différents laboratoires) pour commencer à prendre au sérieux un effet quelconque.

Mais à ce stade, si quelqu’un m’avait juré que la soupe aux ailes de crapaud avait des effets bénéfiques, j’aurais certainement commencé à l'écouter. Gail est très New Age, achète beaucoup de produits organiques et essaie toujours de se soigner d'abord par les méthodes naturelles. Je lui ai fait confiance. Le soja étant un aliment rependu et réputé bon pour la santé, je ne prenais vraiment aucun risque.

Après mes trois verres de lait de soja, j’ai passé le reste la journée et la nuit entière sans aucun problème de chaud et froid. Le lendemain, je me suis réveillée en me sentant mieux. Le surlendemain, je reprenais religieusement mes trois verres de lait de soja durant la journée. Idem. Tout aillait bien. Les douleurs musculaires se sont beaucoup atténuées car mes muscles n'étaient plus si contractés. Je pouvais marcher un peu plus facilement et mon moral est remonté en flèche. J’étais ébahie - d'ailleurs au moment où j'écris, je suis encore sous le choc et un peu incrédule. Et pourtant. Que ce soit le lait de soja ou un effet placebo, ça a vraiment marché!

Le lait de soja et Gail m’ont sauvée. De temps en temps, un scientifique a bien le droit de devenir un croyant. Moi, désormais, je crois au lait de soja. Cette amélioration a aussi secoué au passage ma carapace scientifique. Je baisse ma garde. Les preuves d'un lien entre soja et bouffées de chaleur ne sont pas nombreuses dans la littérature. Peut-être que cela ne marche pas chez tout le monde. Peut-être que ci. Peut-être que ça. Mais ça valait la peine d'essayer.

*** 

NOTE: Il n'est pas recommandé de prendre des suppléments qui contiennent trop de principes actifs (isoflavones). La présence de soja dans l'alimentation semblerait être bénéfique pour prevenir les cancers (basé sur des études animales et épidemiologiques surtout). Une controverse a pris place quand des effets néfastes ont été observés chez des femmes atteintes de cancers sensibles aux oestrogènes quand elles ont pris des suppléments, ainsi que dans quelques études animales. Mais désormais les spécialistes s'accordent a dire que les bénéfices l'emportent sur les risques. Simplement, il ne faut pas surdoser (donc pas de supplements).   

***

English Translation

 
The main symptoms of menopause are hot flashes sometimes accompanied by night sweats. I read it on the internet a few days ago. I hadn't read anything about menopause before: who bothers at 40? After losing both ovaries, I am now in menopause, a surgical menopause that took place abruptly. Compared to the effects of the operation or chemotherapy, a small hot flash threat did not impress me.

In fact, the experience has been very difficult and left me physically and mentally very down in the last few days while symptoms seemed to get only worse and worse. But this new test again taught me a great lesson, and I come out of this a little stronger and more modest.

The problem started before I left the hospital. The body has reserves of estrogen localized in fat tissues, which can be used for a few weeks. But it may also happen that the lack of estrogen is felt almost immediately after the operation when both ovaries have been removed.

Over the days, my feelings about my body temperature have got disordered, and a daily rhythm has started. Typically, the morning would go well, neither too warm, nor too cold. By early afternoon, my feet would freeze, then my legs and my entire body would start to tremble. My teeth would chatter, out of control. I would feel as if it was only 10 ° C in the room. May I call this: "Cold flashes" ? (Is there another appropriate medical term?). I was shaking violently and my muscles contracted, which was very painful for my back and my abdomen, who should have been left alone to do their job of healing. I had to spend two or three hours under the duvet with a bottle filled with hot water under my feet to warm up.

When finally I did not feel cold, I felt warm... very warm... and sometimes I switched to the extreme opposite. I had a real hot flash. The hot flash feels like having a fever from the flu and last a couple of hours. It is unpleasant, but not too disabling.

Night sweats, by contrast, are much more tiring. Several nights in a row, I woke up early in the night, completely drenched. My pajamas, my sheets, and even my pillow were soaked. Not just slightly humid, but wet like after passing in the washing machine. I felt large drops of sweat dripping all over my body as if I were in a sauna. It's exhausting to get up at night to change (I was too weak to take a shower but would have done so to refresh myself). And I had to drink to get hydrated: another effort to get in the bathroom to get water to fill my glass... every movement was painful, and I was so tired to feel pain all the time.

In the end, all this stuff kept me fully awake during a large part of the night. My temperature seemed to return to normal at about in the morning. But I woke up very thirsty and tired from my lack of sleep. My head was spinning slightly during the first hours of the morning, which happens when combining dehydration with low blood pressure. I drank sports drinks for a maximum hydration.

Because of all this, in the last few days, I had the feeling I was not making much progress. I could not walk much because it was always very painful when I tried. My long walks were my two visits to the hospital for routine examinations. I didn't go out in the park that I adore, located 200 meters from my apartment, because I was too bad. I felt low and discouraged. Would these symptoms last for months!?

My doctor had nothing to offer me. This hot flashes story seems perhaps secondary. Or maybe traditional medicine has no cure - other than hormones that they are not going to offer me during chemotherapy?

A solution finally came to me two days ago: soy milk. Sorry? My friend Gail came to me and seeing me in a bad condition, assured me that soy milk contains natural estrogen that we could perhaps test right now for me. She jumped on her bike to go to the store. A few minutes later, we were having a tasting session of soy milk with different flavors.

I'm kind of hard-science. I do not believe in anything without tangible and measurable evidence. I read the "Bad Science" by Ben Goldacre, and, just like him, I do not believe in miracle cures or para-science. I have to read results in peer-reviewed journals of double-blinded placebo controlled studies (preferably replicated in different laboratories) to begin to take seriously any effect.

But at this point, if someone had sworn that toad wings soup had a beneficial effect, I would have started to listen. Gail is very New Age, buys a lot of organic products and always tries to find natural remedies for everything. I trusted her. Soy is simply a widespread food, so I really did not run any risk.

After my three glasses of soy milk, I spent the rest of the day and all night without any problems of hot and cold. The next day I woke up feeling better. The day after, again I resumed drinking religiously my three glasses of soy milk during the day. Same thing. All was well. Muscle pains have been greatly reduced because my muscles were no longer contracted. I could walk a little easier and my spirits rose again sharply. I was amazed - indeed as I write, I am still in shock and a little incredulous. And yet. Whether soy milk or a placebo effect, it really worked!

Soy milk and Gail saved me. Occasionally, a scientist has the right to become a believer. I now believe in soy milk! This improvement has also shaken my scientific fortress. I lower my guard. Evidence of a link between soy and hot flashes are not numerous in the literature. Maybe it does not work for all of us. Maybe this. Maybe that. But it was worth a try.
 
***

IMPORTANT NOTE: It is not recommended to overdose soy therefore it is important not to take soy supplements.
 

Aucun commentaire: