samedi 9 avril 2016

La vie a-t-elle un sens ?

La vie a-t-elle un sens ?

Le sens de la vie, c’est le sens que l’on donne à la vie, dans ses deux sens. Une signification. Et une direction - littéralement - où vais-je aller aujourd'hui ? 

Ce n’est pas donné par quelque chose d’extérieur. Sauf pour les personnes religieuses qui suivent les règles et les explications qu'on leur donne sans les remettre en cause. Sinon, pour les individus plus libres de leurs pensées, la liberté déroute. La liberté est sans route. La route, il faut la voir, la choisir. Sinon on peut aussi déambuler et ce n’est pas la liberté, car on se laisse entraîner à imiter les courants, les modes, le marketing, ou on imite nos parents. Qui ont peut-être raison d’ailleurs, mais quelle personne libre veut ressembler à ses parents… ? Ont-ils trouvé le sens de la vie, atteint la Sagesse ?

Souvent on n'a pas le temps de penser au sens de la vie. Où je vais aller ce matin ? Mais au boulot ma pov'vieille. 

Quel sens a la vie maintenant que je ne travaille plus ? Si on regarde les films sur le cancer, on a l’impression qu’on va trouver quelque chose d’extraordinaire dans la vie juste à la fin de notre vie. Dans le film « Bucket List », on vous dit quoi faire si vous avez le cancer : on fait une liste, on rencontre un inconnu riche et extravagant qui va nous aider à financer nos fantaisies les plus folles, puis on coche la liste, puis on meurt, heureux et satisfait. Dans le film « Good Now », une jeune fille qui est atteinte d'une leucémie incurable fait une liste stupide, mais elle se rends compte qu’elle est stupide… et là elle va rencontrer un jeune homme merveilleux qui l'aime et elle meurt dans ses bras en faisant des rêves merveilleux pendant que tout le monde pleure. La mort est merveilleuse.

Qu’est-ce que je dois faire pour m’assurer que je vais mourir dans ce bel état de satisfaction d’une vie bien remplie et où toute la famille sera réunie et où je serai assurée que mon fils ira bien et que tout le monde autour de moi ira très bien, pas de problème, repose en paix ? Avoir accompli mon grand but dans la vie.

Cela n’existe pas. La réalité est qu’au quotidien, rien de change beaucoup. Dame Sagesse ne descend pas du ciel pour venir me rendre visite dans mon sommeil par un beau soir de printemps alors que j’ai laissé la fenêtre entr’ouverte...

Il n'y a pas de liste, pas de grande mission à accomplir. J'ai mis en ordre mes papiers, cela ne prends pas des semaines. 

Je pourrais aller dépenser quelques milliers d’euros pour faire un grand beau voyage (et où ?). Cela donnerait un sens à ma vie ? Faut-il s’éclater un maximum avant de mourir ? Je n’ai pas du tout envie de dépenser mon argent, j’ai l’impression que ce serait le voler à mon fils qui en aura tellement besoin pour ses études. Ma grand-mère nous disait ça, et ça nous énervait !  Mes sous, ils sont pour vous mes petits. Mais on en veut pas de tes sous mamie, offre-toi un meilleur fauteuil que ça ! Je suis comme ma grand-mère ! Dévergonde-toi ! Va se soûler la gueule et passer la nuit avec un bel inconnu….

En vérité, il n’y a pas de grande sagesse qui m’inonderait de béatitude. Ni la moindre envie de faire un truc excitant et dangereux et nouveau et tout.

Il n’y a pas de moments extraordinaires où le temps s’arrête. L’horloge continue de faire son tic-tac. Et parfois, je me dis « est-ce que c’est la meilleure façon de passer cette journée ? ». Il y a encore tant à faire. Faut-il passer la journée à aller simplement se promener et ne RIEN faire, justement, parce que faire quelque chose ne sert plus à rien, et qu’on me dit partout qu’il faut que je me relaxe et que je m’amuse.

Vous avez déjà essayé de vous amuser toute seule lorsque vous n’avez pas de partenaire et que vos copines sont au boulot toute la semaine et votre fils à l’école ? Ok, oui, un jour, deux jours… mais plusieurs semaines ?

Bravant tous les courants marketing et tout ce qu’on m’a dit que je devais faire (être heureuse !), j’ai décidé de faire ce que je veux. Ce que je veux c’est continuer à me sentir utile. Et tant pis si on me dit que ce n’est pas ce que je devrais faire. Que je devrais ne rien faire, pour me relaxer. Que je devrais faire du sport… oui je sais, je devrais vraiment faire du sport. Mais j’en ai marre en ce moment d’aller marcher toute seule, toujours toute seule et me retrouver seule avec mes pensées. Il faudrait vivre mes derniers moments en pleine conscience, merci, par maintenant. Je ne veux surtout pas vivre en pleine conscience en ce moment… Je cherche à oublier.

Je lis, j’écris. J’essaie de me rendre utile. C’est qui je suis. C’est le sens de ma vie. C’est bête. Mais c’est difficile. Est-ce tout ? Et mes rêves de jeune fille… ? Mes rêves de jeune fille, à vrai dire, je les ai dépassés. Je n’aurais jamais osé imaginer que je pouvais avoir la vie que j’ai eue. Les voyages, les langues étrangères, la recherche, les publications, la vie intellectuelle qui m’a été permise d’avoir, les rencontres… Cette vie se réduit maintenant à mon petit appart où je lis et où j’écris. Mes petits trucs, un peu plus chaque jour. Je continue à me rendre utile à ma manière, en écrivant en ligne. Je suis devenue contributrice sur wikipédia et chaque jour je contribue un petit peu à un bout d’article. De psychologie bien sûr... Mais les questions viennent me torturer lors de ces longues journées à la maison. Est-ce assez ? Quoi d’autre ?


J’ai toujours ressenti la culpabilité de ne pas en faire assez. De n’avoir pas assez aidé. Pas assez écrit… Pas avoir fait assez de sport. La culpabilité de faire une cuisine au beurre plutôt qu’à l’huile d’olive ! Et la pire de toute, la culpabilité d’avoir de la culpabilité. Mais c’est qui je suis. Et peut-être que je mourrai avec cette culpabilité. Et peut-être que la Sagesse suprême ne viendra jamais m’en délivrer.