mercredi 28 août 2013

Deux ans après (Two Years Later)


Les vacances d’été se terminent. Nous sommes deux ans plus tard. Deux ans après mon diagnostique. Je vais bien.

Je pense encore souvent au cancer. D’ailleurs je n’ai pas encore totalement retrouvé le rythme de vie d’avant. Je me sens de temps à autre affaiblie et triste. Je travaille toujours à mi-temps thérapeutique ce qui me donne du temps (trop de temps ?) pour repenser au passé.

Je me sens plus vulnérable, plus émotive, plus humaine finalement, plus proche des autres - les autres ce sont les vivants, mais les morts aussi. J'ai beaucoup d'affection pour les personnes mortes. Elles me sourient: "Surtout, prends ton temps, rien ne presse."

La grande barrière entre la vie et la mort est tombée. Les jours me semblent comptés. Ce n’est pas forcément morbide. Etre vivante me semble parfois relever du miracle et je profite de ma chance.

Mais je n’ai pas la même énergie qu’avant, ni physiquement, ni cognitivement. Je suis plus facilement distraite, je mémorise beaucoup plus difficilement et je perds ma concentration si je travaille dans le bruit. Je me suis donnée des objectifs sportifs vite abandonnés car je ne pouvais pas augmenter mes kilomètres en vélo sans me sentir épuisée pendant des jours. Suis-je devenue une personne du troisième âge dans un corps de quarante ans ?

Il faut continuer à faire des efforts, car deux ans après, la lutte n’est toujours pas finie.

Il faut se pousser, se forcer, se donner des coups de pieds aux fesses.  

Etre courageuse.

Il faut aussi s’accepter, pratiquer les exercices de pleine conscience régulièrement, être plus patiente, continuer à simplifier.

S’aimer.

Le courage et le respect de soi. Le faire, l'être. Trouver un point d'équilibre entre les deux. Occident et orient. Points de départ et d'arrivée, pour faire renaitre, d'une nouvelle manière peut-être, les joies de créer et d'aimer.

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English translation: Two Years Later
 
The summer holidays are almost over. We are two years later. Two years after my diagnosis. I'm fine.

Still, I often think of cancer. Besides, I have not fully back to the pace of life that I used to have. From time to time, I feel weak and sad. I still work under a therapeutic part-time arrangment, which gives me (too uch ?) time to remember the past.

I feel more vulnerable, more emotional, more human actually, closer to the others – the others, the livings, but the deads as well. I feel affection for the dead people. They smile at me: "Above all, take your time, no hurry."

The great barrier between life and death fell. The days seem numbered. This is not necessarily morbid. Being alive sometimes seems to me to be a miracle and it’s my chance.

But I do not have the same energy as before, neither physically nor cognitively. I'm easily distracted, I memorize with much more difficulty and I lose my concentration when I work in a noisy place. I gave myself sporting goals quickly abandoned because I could not raise my bike miles without feeling exhausted for days. Have I become an elderly looking forty?

I must continue to make efforts, because two years later, the fight is still not over.

I must to push myself, force myself, give myself a ‘kick to the buttocks’ as we say in French.

I have to be brave. No, braver.

I must also accept myself, practice mindfulness exercises regularly, be patient, continue to simplify my life.
 
To love myself and accept myself.

Courage and self-respect. To do and to be. To find a balance between the two. East and West. Points of departure and arrival, to rediscover, perhaps in a new ways, the joys of creating and loving.


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lundi 6 mai 2013

Journée Mondiale du Cancer de l'Ovaire (World Ovarian Cancer Day)

Dans deux jours se déroulera la PREMIERE JOURNEE MONDIALE DU CANCER DE L'OVAIRE. C'est l'occasion d'informer, d'en parler, d'écouter, de participer.

Voici un site web avec quelques informations (au Canada) et un quizz à envoyer aux femmes qu'on aime ou à partager sur les réseaux facebook et autres:
http://ovairecanada.org/News-Events/News/WOCD

Pour ma part, je continue a partager les informations sur ma page facebook:
http://www.facebook.com/CancerDesOvaires

(et sur scoopit pour celles qui n'ont pas facebook:
http://www.scoop.it/t/cancer-des-ovaires-et-cancers-gynecologiques-rares )

Merci à tous ceux et celles qui me suivent, qui m'envoyent des messages et qui m'encouragent à continuer :-))

Amicalement,
Catherine

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On Wednesday 8th May it's the FIRST EVER WORLD DAY FOR OVARIAN CANCER. It's an opportunity to share knowledge, talk about it, listen and read about it, and to participate to some actions or send money to research centers.

See links above (in French and in English).

I regularly receive messages with questions or encouragemens to keep on sharing links about ovarian cancer. Thanks so much for your interest and your support, it's really nice to read you all, and it helps me carrying on!

Lots of love,
Catherine

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samedi 30 mars 2013

Sur un petit nuage... en toute conscience (Walking on Clouds ...in Mindfulness)

Vous est-il jamais arrivé de rencontrer des survivants du cancer qui semblent trop heureux? Ils sont tellement joyeux qu’on a l’impression qu’ils doivent faire semblant.

Je crois que je viens d'entrer dans le cercle de ces pauvres fous! Dans les semaines qui ont suivi l’arrêt de la chimiotherapie, mes moments de joie étaient toujours très obscurcis par l’angoisse et même la dépression. Petit à petit, les peurs et les pensées noires ont perdu toute leur intensité. La pensée que le cancer pourrait revenir est toujours très présente, mais elle ne me fait plus autant souffrir. Je chasse le cancer de ma vie mentale comme on me l’a appris dans les cours de méditation et de gestion du stress: j’y pense parfois mais je laisse passer ces pensées sans m’y attacher.

Au quotidien, je suis incroyablement heureuse. Bonheur = (heureux)². "Meta-bonheur: Fait d'avoir du bonheur à avoir du bonheur" (Le Petit Dictionnaire de Catherine)    
  
Aux Pays-Bas, après une longue maladie, on reprends le travail très progressivement, en accord avec le médecin du travail et l’entreprise. Je ne suis pas officiellement de retour mais je suis en “réintégration”. J’augmente mes heures de travail toutes les deux semaines. Je m’en sors bien et je fais en ce moment 3 journées de 5 heures par semaine. Les collègues se sont réhabitués à ma présence! Régulièrement, quelqu'un m'embrasse en me disant combien il ou elle est soulagée de me revoir.
 
Je travaille sur un projet qui m’intéresse énormément, dans lequel j’apprends beaucoup et que je trouve utile. Ca aide, et ce n’est pas un hasard. Mon employeur  y est tenu par la loi et le médecin du travail m’aiderait à trouver un autre emploi si je ne pouvais plus faire celui qu’on me propose.

Mais à vrai dire, je suis très hereusee là où je suis. Mes collègues me demandent comment je vais et mon sourire jusqu’aux oreilles leur répond. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie! Les choses toutes simples me font très plaisir.

Les gens stressés au bureau me font rigoler en douce. Je pense alors aux personnes qui sont à l’hopital dans la salle de chimio et je me dis “Vous n’avez aucune idée de la chance que vous avez de 'stresser' au travail au lieu d’etre entrain de vomir vos tripes”. Je ne leur dit pas, ca ne servirait pas à grand chose. Mais je pense souvent avec compassion aux patients de l’hopital. J’ai l’impression d’avoir gagné 50 ans de sagesse en quelques mois de maladie.  

C’est donc vrai qu’on peut etre incroyablement heureux apres le cancer, et que ce n’est pas parce qu’on l’oublie. On le met de coté. Et on continue de vivre. Beaucoup plus intensément qu’avant.
 
Cette photo est de Esther Sternberg, une lectrice newyorkaise qui a découvert mon blog par hasard et me laisse des messages de temps en temps. Merci Esther, j'adore vos photos et vos peintures. Esthersternbergart.com
 
 
 
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lundi 18 février 2013

Après le cancer... (Life after cancer...)

(English translation below. in preparation)
 
 
Trois opérations, trois cycles de chimiothérapie, traitements de toutes sortes, douleurs et angoisses intenses... La page est-elle tournée? Aujourd'hui, la vie ordinaire reprend son cours, mais tout semble un peu différent.

 
Le premier bilan à trois mois de la dernière chimiothérapie n'indique aucune présence des cellules folles. Grand soulagement!

 
Je vais bien, et je reconstruis jour après jour mon corps et mon mental. Il s'agit d'aller doucement car j'ai encore très peu d'endurance. Parfois je fais de grands tours d'une heure en vélo, mais j'en paie le prix les jours suivants.
 

Sur le plan mental, l'après cancer a ses challenges, mais je m'en sors petit à petit. Une des difficultés a été de réaliser qu'il fallait encore continuer à s'adapter au changement. Or après toutes ces épreuves, je n'ai plus envie de changer quoi que ce soit dans ma vie, je suis épuisée. Parfois je voudrais juste ne plus bouger, me caller dans le fauteuil devant la télé et ne plus penser à rien. Comme le répète l'équipe soignante, il faut aller très doucement.
 

Je fonctionne un peu au ralenti effectivement et mon esprit est parfois embrumé au point que même prendre des décisions sur comment traverser la route me semble un effort couteux. Comme si je devais réfléchir et faire beaucoup plus d'efforts mentaux pour tout. Reprendre le travail à plein temps n'est pas encore possible, car j'ai trop de difficultés à me concentrer. Après trois heures de meeting ou de discussion pour me mettre à jour, la tête me tourne comme si j'étais ivre.
 

L'ego en prends un coup mais j'ai appris à sourire à mon ego et je lui donne une petite tape sur le dos: allez, rigole, de toute façon on a pas le choix, alors autant le prendre avec humour et profiter de ce qui reste. Pas toujours facile, parfois je ris, parfois je pleure. L'équipe médicale me dit que c'est tout à fait normal et que je m'en sors drôlement bien. Rassurée.
 

Je continue de 'simplifier' ma vie, mon mot de l'année. Hier j'ai arrêté mon compte Facebook par exemple. Trop d'informations égale trop de temps et d'énergie perdus. Tout ce qui me coute de l'énergie semble me couter beaucoup plus d'énergie qu'avant. Alors je simplifie, j'apprends à ne plus faire, ne plus répondre, et à dire non.
 

Tout cela semble négatif, mais en fait, non, cela me soulage et me libère.
 

Je voulais dire un grand MERCI, avant de tourner cette page. Je n'ai pas souvent parlé de mes amies sur ce blog, et je n'ai pas cité de noms pour respecter leur vies privées et leur modestie.
 

Mais elles ont été là pour moi tout le temps, et surtout dans les pires conditions. A l'hôpital, à la maison, pendant que je vomissais, pendant que je souffrais sur mon lit ou sur mon canapé, et encore récemment alors que je m'écroulais en larmes, des mois après ma dernière chimio en leur disant que j'avais encore besoin de soutien moral, elles n'ont jamais failli. J'ai reçu d'elles la plus grande leçon d'amitié et de dévouement de ma vie.
 

Merci à Florence, Véronique, Ans, qui ont été mes anges gardiens, mes confidentes, mes béquilles et m'ont permis de survivre à tout cela sans sombrer dans la dépression. Nous n'avons pas partagé que les mauvais moments, j'espère, et nous avons aussi partagé de la joie, des soirées, des fous rires. Vous mériteriez chacune un monument ou une rue à votre nom! MERCI!
 

Merci à Elodie, Laure, Rolanda, Gail, Alex et Theresa, pour leur soutien constant et les heures passées à rire et à papoter, les efforts pour me divertir et me sortir, les discussions sur la méditation ou la nutrition, les soirées à regarder des films comiques ensemble, et les invitations de Noel! 
 

Merci à Géraldine et Siobhan qui malgré la distance sont restées proches, ont pris l'avion pour me rendre visite et m'ont invitées à partager des vacances inoubliables dans leurs collines et leurs montagnes. Merci Geraldine pour le shopping thérapeutique!
 

Merci à Andy qui m'a soutenue techniquement et inlassablement pour me permettre de terminer mon livre et de le voir publier! Sans Andy je ne pense pas que j'aurais eu la force de terminer ce projet. Andy a aussi monté mon autre site web pendant son temps libre et continue d'être un supporter inlassable de ce projet (le livre dont je parle et mon autre site sont en anglais, expatscience.com).  
 

Merci à Sella, Nelly, et beaucoup d'autres collègues, Patricia, Ilse, Monique, René, Suzanne, Eveline, Vanessa, Gert-Jan, Reggy, Sheila, Garmt, Marco, Nel, Dave, la leadership team... pour les nombreux emails, visites et cartes reçues tout au long de ces mois de convalescence. J'ai un carton entier rempli de vos cartes!! Merci pour l'aide matérielle, les deux après midis passés à repeindre ma chambre, les bouquets de fleurs après mes opérations, les chocolats, les boites de thés... Je suis sure que j'en oublie!
 

Je veux aussi remercier l'école de William (encore des fleurs et des cartes...), les parents de l'école qui ont invité William à jouer avec leurs enfants et l'ont sorti au parc ou au McDo pendant que je ne pouvais plus marcher, les voisins (Jan et Rolanda).
 

Merci à mon ex-mari et sa famille, qui m'ont aidée et soutenue tout au long de ma maladie, matériellement ou émotionnellement. 
 

J'ai presque terminé: Tous les soignants de l'hôpital Sint Franciscus, les spécialistes et les volontaires du centre du Vruchtenburg.
 

Merci à ma famille, qui m'a écrit, soutenue, et s'est rapprochée de moi, et surtout Evelyne qui est venue pendant de longues semaines m'aider après mes trois opérations, a lavé, repassé, cuisiné pour moi alors que j'étais trop faible pour faire cuire une tasse de riz, et m'a aussi bien divertie!
 

Merci à mon fils, William, petit homme de 11 ans, qui a appris à courir décrocher le téléphone,  a du apprendre à se rendre seul à l'école en ville et en vélo, a appris a faire son sac déjeuner tout seul un matin où j'étais extrêmement faible et malade... William a du attendre un an et demie avant de pouvoir rejouer avec moi au ping-pong! Mais il ne s'est jamais plaint, il a continué d'exceller à l'école, et chaque jour qui passe me montre qu'il devient plus indépendant, mature et fort face aux épreuves de la vie. Il ne lit pas ce blog, mais il le lira un jour. Merci!!!
 

Ca ressemble à un discours aux Oscars un peu trop longuet, mais plusieurs personnes dans la liste mériteraient bien aussi une statuette en or aux Oscars de la générosité (qui serait aussitôt revendue au profit d'une association évidemment, haha!).
 

Je sais que beaucoup de gens qui me lisent passent par les mêmes étapes, patientes, survivantes, maris, enfants, amis et proches. Je vous remercie aussi pour votre intérêt et vos messages sur ce blog et sur la page Facebook, qui m'ont encouragée à continuer d'écrire. J'espère que mon histoire vous a informés. Je ne sais pas encore si je reviendrai écrire sur ce blog. On verra. Je vous souhaite beaucoup de courage.  Je vous embrasse, et vous souhaite de profiter de la vie et de la rendre plus belle chaque jour.

Pour finir: Je n'arrete pas pour autant d'ecrire, simplement je vais arreter de parler de moi :-). Je partage les articles intéressants sur le cancer des ovaires sur la page Scoopit.com: cancer des ovaires et cancers gynécologiques rares. Auteur: Catherine T. Lien direct sur cette page:
http://www.scoop.it/t/cancer-des-ovaires-et-cancers-gynecologiques-rares


La vie est tellement belle! Courage et au revoir!


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vendredi 11 janvier 2013

Sport et cancer (cancer and sports)


Certains veulent escalader le Kilimandjaro pour soutenir la recherche contre le cancer. L'idée m'a séduite, mais pour le moment, soyons modeste. Je vais tenter de me remettre au vélo régulièrement, comme avant le cancer, et je vais continuer à apprendre et pratiquer le yoga. Mon objectif est de progresser régulièrement et parvenir à une pratique quotidienne. J'ai franchi une grande étape avant-hier, avec un aller-retour en vélo au bureau, au total 26 km à petite vitesse (sans vent et sur du plat). Je suis arrivée au parking bien fatiguée et en sueur, mais aussi heureuse que si j'avais réussi à courir un marathon complet. Soyons franche jusqu'au bout: j'ai eu mal aux muscles et au dos pendant 48 heures. Il faut reprendre doucement, on me le répète, mais il est bien difficile de connaître ses nouvelles limites.

Je suis hyper motivée pour reprendre le sport, et j'ai tendance à vouloir aller trop vite, car parmi les facteurs non médicaux qui influencent les risques de récidive et les délais  de survie des cancers en général, le sport et l'activité physique sont aux premiers rangs.

Tout récemment, une équipe nord-américaine de chercheurs oncologues a publié un long article scientifique destiné aux soignants et aux malades (en intégralité en anglais dans la revue CA Cancer, A Cancer Journal For Clinicians, 2012, voir références ci-dessous). L'article donnait des conseils précis sur le sport et l'activité physique recommandés aux patients atteints de différents cancers, pendant et après leurs traitements. Voici mon résumé de cet article.

Pendant les traitements, l'activité physique est possible et même bénéfique. Elle  permet de combattre la fatigue. Le sport et l'activité physique n'ont pas d'effet négatif sur le traitement chimiothérapique (une étude suggère même un effet bénéfique mais une seule étude n'est suffisante pour conclure).

Pour les personnes qui reçoivent des chimiothérapies ou radiothérapies, l'idée n'est pas de pratiquer des sports intensivement mais simplement de rester actifs physiquement dans la mesure du possible. Ceux qui étaient très sportifs ou physiquement actifs avant les traitements devraient tenter de le rester en respectant leurs nouvelles limites. Les personnes très sédentaires devraient commencer une activité physique légère, comme des étirements légers et de la marche lente et sur une courte durée. Dans les deux cas, il est recommandé de discuter ses limites avec son oncologue.

Durant les périodes d'hospitalisation allongée, il est également possible de faire quelques exercices proposés par des soignants, qui permettent de limiter la perte musculaire et de contrecarrer la fatigue mais aussi la dépression.

Les personnes âgées ou souffrant de problèmes osseux et articulaires doivent prendre garde à leur équilibre et éviter les risques de chutes; dans leur cas la présence d'un soignant peut être indiquée.

Immédiatement après les traitements, la phase suivante pour beaucoup d'entre nous est la rémission. C'est la phase durant laquelle les symptômes et effets secondaires des traitements et de la maladie commencent à disparaître. Reste cependant la fatigue, des troubles digestifs, et pour certains des douleurs, neuropathies, et autres effets secondaires qui peuvent parfois persister pendant des mois ou des années. C'est une période également difficile sur le plan psychologique car le cancer n'est pas déclaré entièrement soigné et un suivi régulier est nécessaire pour surveiller une possible récurrence ce qui génère beaucoup d'angoisse. Beaucoup de patients développent une dépression à ce moment-là.

Les auteurs de l'article conseillent la reprise régulière d'une activité physique ou d'un sport pendant la rémission, progressivement et régulièrement, pour gagner des forces physiques (reconstruire les muscles, mais aussi renforcer os et tendons), améliorer la digestion, combattre la dépression.

Dans la phase suivante, les survivants du cancer vivent avec un cancer stabilisé ou voient leur cancer déclaré guéri après plusieurs années (les notions de "rémission" et "guérison" changent d'un cancer à un autre, discutez de cette différence avec votre oncologue si vous ne connaissez pas votre statut; pour le cancer des ovaires, on parle de rémission dans les 5 années suivant le diagnostique si les traces de cancer ont disparu et que le cancer n'est pas réapparu durant tout ce temps). Même lorsque le cancer a disparu depuis plusieurs années, le survivant du cancer a beaucoup plus de risques que la population générale de développer à nouveau un cancer (second cancer primaire) et d'autres maladies sérieuses telles que les troubles cardio-vasculaires, le diabète, l'ostéoporose. Pour le cancer de l'ovaire, le risque de récidive diminue grandement mais n'est jamais exclu, même après plusieurs années sans traces de cancer.

Durant cette phase, il est important pour les survivants du cancer de poursuivre trois objectifs:

- Avoir une bonne nutrition équilibrée (beaucoup de fruits, légumes et céréales complètes).

- Surveiller son poids. Il faut en effet éviter l'obésité, qui est associée à un plus haut risque d'une récurrence du cancer du sein et probablement d'autres cancers. Il faut regagner du poids pour certains patients qui se sont retrouvés excessivement maigres suite à un cancer et son traitement (en particulier c'est souvent le cas pour les tumeurs du système digestif, cou, œsophage, ou poumons).

- Pratiquer une activité physique régulière. Des études de plus en plus nombreuses indiquent que la pratique d'une activité physique régulière diminuent les risques de récurrence et augmentent la durée de la survie.

Dans la population générale, l'activité physique régulière a un impact bénéfique sur le corps en général et la santé physique et mentale, cela n'est plus à demontrer. Son impact positif est observé également chez les survivants du cancer sur la santé cardio-vasculaire, la force musculaire, la composition du corps, la fatigue, l'anxiété, la dépression, l'estime de soi, la qualité de vie (mesurée sur plusieurs échelles prenant en compte les dimensions physiques, fonctionnelles et émotionnelles).

Je cite l'article (ma traduction): "Au moins 20 études observationnelles prospectives ont montré que les survivants du cancer physiquement actifs ont un risque moins élevé de récurrence du cancer et une meilleure survie comparés à ceux qui restent inactifs, bien que ces études se limitent aux cancer du sein, colorectal, de la prostate et des ovaires, et que des études cliniques randomisées restent nécessaires pour mieux définir l'impact du sport sur ces résultats."

Pour ceux qui vivent avec un cancer avancé, le maintien d'une activité physique légère permet de maintenir un meilleur bien être et aide à continuer de bénéficier d'une bonne qualité de vie, mais les auteurs insistent surtout sur une bonne nutrition pour éviter la malnutrition et la perte de poids. Le maintient d'une activité physique devient difficile pour beaucoup et doit être discutée au cas par cas avec l'oncologue. Pour cette raison, les travaux systématiques manquent de données pour donner des recommandations générales.

Concrètement, quel type et quelle intensité d'activité physique sont recommandés? Les recommandations officielles de la société américaine du cancer (American Cancer Society) pour les survivants du cancer ont été définie en association avec un panel de médecins du sport. Ces spécialistes sont arrivés à ces recommandations générales:

- Eviter l'inactivité et retourner à des activités quotidiennes normales le plus tôt possible après le diagnostique;

- Avoir pour objectif une activité physique modérée (voir détails ci-dessous) de 150 minutes par semaine;

- Inclure des exercices ou activités engageant la musculation deux fois par semaine.

Certaines personnes ne sont pas en mesure de suivre ces recommandations car trop limitées physiquement, par la fatigue du traitement, par l'âge, ou d'autres problèmes. Dans ce cas il est recommandé de faire des activités physiques de moyenne intensité sur de courtes durées et d'éviter les longues périodes d'inactivité.

L'activité physique modérée est une activité pendant laquelle on pourrait parler mais on ne pourrait pas chanter sans se retrouver essoufflé: danse de salon; vélo (avec quelques pentes légères); canoë; jardinage; sports incluant des balles à attraper; tennis; marcher d'un pas rapide; aérobique aquatique; se déplacer en fauteuil roulant à la force des bras.

Lorsque la condition physique le permet, on peut s'engager dans des activités physiques vigoureuses, définies par le fait qu'on ne pourrait pas parler longtemps pendant cette activité sans perdre son souffle: dance rapide ou danse aérobique (en salle de sport par exemple); vélo au-dessus de 25 km/h ou en pente raide; jardinage intensif (creuser, scier); marcher en gravissant une pente; sauter à la corde; marche rapide de compétition; jogging et course a pieds; arts martiaux; tennis en solo; sports impliquant beaucoup de course à pieds; natation rapide. Soixante-quinze minutes d'activités physiques rigoureuses par semaine équivaut à 150 minutes d'activités modérées.

En fait, 150 minutes par semaine d'activité modérée n'est pas un objectif déraisonnable du tout: ce ne sont que deux fois dix minutes par jour.

Pour ma part, aujourd'hui, je dois récupérer de mes excès en vélo: je vais juste aller marcher en alternant marche tranquille et marche un peu accélérée (deux fois 10 minutes bien sûr!).



Bette Calman

C'est une photo de moi dans quarante ans!


Références: Nutrition and physical activity guidelines for cancer survivors. CA Cancer Journal for Clinicians, 2012, 62, 242-274.
Disponible gratuitement en ligne (en anglais uniquement) sur cacancerjournal.com et sur 
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.3322/caac.21142/full

Photo: http://www.dailymail.co.uk/news/article-1172810/The-yoga-supergran-bend-backwards-age-83.html La jeune femme sur la photo est professeur de yoga et a 83 ans.

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The article today is not translated in English because I mostly talk about a paper available for the English speaking public for free and online (see references above). It provide specific guidelines for cancer survivors regarding physical activity.

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samedi 5 janvier 2013

Mon mot de l'année 2013 (My Word of the Year for 2013)

(English translation below)

Plusieurs études américaines indiquent que la plupart des bonnes résolutions du Nouvel An ("J'arrête de fumer", "Je vais perdre 12kg", etc) sont laregement oubliées au bout de quelques semaines.  La résolution de respecter son corps et d'en prendre soin est une résolution à prendre chaque matin durant toute sa vie, et non pas seulement un soir de réveillon. Depuis de nombreuses années, j'ai pris la décision... de ne plus prendre de décision au Nouvel An.

En revanche, j'ai pris une nouvelle habitude du nouvel an qui m'a bien réussi: Je choisis un mot (un seul mot) qui va m'inspirer pour toute l'année.

Dans le passé, j'ai choisi le mot Oser, ce qui m'a aidée à démarrer mon livre et à passer le cap de l'angoisse de la page vide. L'année suivante, le mot Patience m'a aidée à avancer dans ce travail de fourmi et finalement à terminer ce @#$%^&! bon sang de livre.

Lorsque j'ai recu le diagnostique de cancer des ovaires en 2011, mon mot de l'année était Bonheur. Je lisais des livres sur ce thème et j'appliquais ce que je découvrais. Cela m'a beaucoup amusée. Ce thème m'a beaucoup aidée car le bonheur est une attitude, une manière de vivre, fortement liée à une bonne santé physique et mentale.

Et l'année dernière, au coeur de la tempête, le mot qui m'a portée était: Espoir...

Cette année, mon mot de l'année sera Simplicité. J'ai moins de forces, je dois remonter la pente petit à petit, alors l'atittude permettant de simplifier ma vie, simplifier mes ambitions, et me focaliser sur une seule chose à la fois, me sera très utile. Simplicité signifiera aussi modestie: mettre les choses de ma vie en perspective, accepter mes nouvelles limites, et sourire de mes erreurs et de mes petits défauts.
 
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Many american studies suggest that most of our good New Year's resolutions ("I quit smoking", "I will lose 12kg", etc.) are forgotten after only a few weeks. Resolution to take care of our body should rather be a good resolution to take every morning during our whole life, and not just after a heavy New Year diner. Years ago, I have decided that I would... not decide to take any New Year resolutions anylonger.
 
However, I have adopted a new New Year habit that proved successful for me: I've chosen a word, just one word, that will inspire me for the whole year.
 
In the past, I chose the word Daring, which helped me to start to write a book and even to overcome a writer's block at some stage. The following year, the word Patience helped me to finish writing this painstaking task of writing this $%^&#* book.
 
When the diagnose of ovarian cancer hit me in summer 2011, my word of the year was Happiness. I had read books on the subject and I had applied what I had discovered. I had found it very funny to do. This theme helped me a lot through this very difficult time, because happiness is an attitude, a way of life, closely linked to good physical and mental health.
 
And last year, in the heart of the storm, the word that carried me was: Hope ...
 
This year, my word of the year is Simplicity. I have less strength, so I need to go back up the hill slowly. The atittude to simplify my life, simplify my ambitions, and focus on one thing at a time, will be very useful. Simplicity also mean modesty, putting my life in perspective,  accept my new limitations, and smile from my mistakes and my small defects.
 
 
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