vendredi 13 mai 2016

Encore une semaine de tranquillité


Côté santé, les marqueurs montent, montent, montent. Je me prépare au retour du “crabus merdus” comme l'appelle Isa sur notre groupe facebook. Je verrai l’oncologue dans une semaine et on saura alors si les marqueurs ont continué de progresser ou non.

J’ai de fréquents maux de tête (l’Avastin certainement). J’ai des douleurs dans le ventre, comme une lourdeur permanente et des brûlures qui ressemblent à des brûlures d’estomac, mais situées dans le bas du ventre, là où tous mes ennuis ont commencé. Les douleurs dans le ventre ne sont pas trop vilaines, c’est plutôt une gêne, une lourdeur. Mais elle me rappellent constamment que le cancer est dans ma vie.

Je suis fatiguée aussi. Je n’arrive plus à aller à la fitness malgré mes bonnes résolutions, et je ne sais pas si c’est psychologique ou physique. La fatigue, c’est tellement difficile à décrire. Je ne la sens même pas, c’est plutôt que je me rends compte que je ne peux pas faire tout ce que je voudrais faire en une journée. Je fais des listes et j’étale sur plusieurs jours les choses à faire. Je prends des pauses entre chaque tâche, comme j'ai appris à la faire dans le cours de Pleine Conscience, ça aide beaucoup. 

Lorsque ma famille m’a rendue visite, j’avais beaucoup plus d’énergie, puis plouf ! Alors, est-ce dans ma tête ?

Le moral reste assez bon. L’arrivée du printemps aide beaucoup, comme d’habitude au pays plat J Le ciel bleu plusieurs jours d’affilée est un phénomène rare ici, et j’en profite bien ! Petites robes d’été sorties du placard, sandales, on se croirait en juillet ! Je reste active et je vois du monde, malgré la fatigue. 

J’ai drôlement peur de repartir en chimio mais ça ne sert à rien de commencer à y penser maintenant. Encore une semaine de tranquillité avant de voir l’oncologue. Je me demande où j'en serais si je n'avais pas eu l'aide de la psychologue et le cours de mindfulness. Je ne pratique plus la méditation assise, mais je continue d'appliquer certains conseils : ne faire qu'une chose à la fois, s'arrêter entre deux tâches, regarder, écouter... Les derniers mots de la psychologue résonnent en moi "Have fun !". 

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mercredi 11 mai 2016

Des singes et des pommes. Ou plus sérieusement : Se préparer à l’invalidité (1)


Dans une expérience, on donne une pomme à un singe. Il est content.
Dans la même expérience, on donne deux pommes à un autre singe. Puis on lui en retire une. Il a autant de pomme que son copain. Mais, évidemment, il est pas content.
Cela s’appelle de la behavioral economics, j’ai vu ca sur la chaîne TED conférences. La satisfaction ne vient pas de ce qu’on a, concrètement, mais plutôt de ce qu’on pense avoir de plus ou de moins.

Je fais mes comptes et je me sens comme le singe à qui on a retiré la pomme.

Alors voilà, j’ai fait une demande de mise en invalidité. Mon salaire va baisser, et il a donc fallu faire des calculs et commencer à réorganiser beaucoup de petites choses pour que mon budget reste équilibré.
Une conseillère financière m’a aidée à modifier mon crédit immobilier pour qu’il soit plus réduit, premier grand pas.
Je me suis mise à micro-manager mes finances : qu’est-ce que je dépense réellement, en nourriture, en vêtements, en livres et abonnements (je suis une grosse consommatrice). J’ai découvert que je ne dépensais pas tellement en sorties ou livres finalement, mais énormément en nourriture ! Il semblerait que j’ai un budget énorme en nourriture. Forums sur le sujet… je découvre que des couples vivent à deux avec un budget de 50 Euros par mois en nourriture. Je suis bluffée ! Si j’arrive à dépenser moins en nourriture, j’y arriverai. Mais bien manger avec 50 Euros par semaine ? Je me gratte la tête, je vais sur des blogs, je commence à faire des listes de nouvelles idées de recettes aux carottes, choux-fleurs, poireaux et pommes.  

« Si la vie te donne des pommes amères, fais-en de la compote ». C’est exactement le site dont j’avais besoin, un site de recettes « fin de mois difficile » : le site s’appelle la Cuisine des Anges. J’adore.

Perdre ma seconde pomme devient donc un projet. Je dois croquer à pleines dents la belle pomme qui me reste...


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