samedi 25 juillet 2015

A mi-chemin



Les quatre jours de vacance à Malaga et Grenade ont énormément aidé ! Au départ prévues pour deux semaines, avec deux tickets d’avion non remboursables, j’ai changé la date de ces vacances en changeant nos billets de retour, retenu deux hôtels en ville, pour transformer nos deux semaines en un court séjour urbain de quatre jours et quatre nuits.
Jusqu’à la dernière minute, je me suis demandé si j’avais fait le bon choix et si je n’aurais pas dû rester à la maison. Le matin du départ, j’avais mal partout et j’étais encore faible. J’avais peur que trop d’effort et trop de chaleur me fassent encore une fois m’évanouir. J’ai quand même décidé de prendre l’avion, pour William je dois dire. Au pire, on ferait les déplacements en taxi et en bus ; et pire du pire, on irait pas visiter l’Alhambra, on resterait manger des tapas près de l’hôtel…
Une fois sur place, nous avons fait au jour le jour, et même d’heure en heure. Nous sommes partis sans faire de grands projets, le matin, et nous avons été d’un endroit à un autre, à notre rythme. Tout s’est merveilleusement bien passé. C’était super de réaliser que j’apporte encore beaucoup à mon fils, malgré la fatigue, et que je peux encore beaucoup apprendre et profiter de la vie. J’ai pu oublié le cancer pendant plusieurs heures d’affilée, ce qui n’arrivait plus depuis la rechute.
Au retour, dès le vendredi, bilan sanguin de routine et visite de routine chez l’oncologue. Mes globules blancs sont encore très bas mais cela ne stoppe pas la troisième chimio. J’ai donc reçu ma troisième chimio ce lundi. Pas de grand drame cette fois-ci, ouf ! Un groupe d’amies s’est relayé pour ne pas me laisser seule, j’avais donc de la visite le matin et l’après-midi tous les jours pendant les trois jours suivant la chimio. Hier, je sortais de la maison pour la première fois, encore bien faible et nauséeuse, mais j’ai pu faire une petite course au magasin asiatique du coin, puis aller au jardin deux heures plus tard, puis dans la soirée aller encore faire une autre course avec William qui portait le panier. L’appétit commence à revenir, même si je reste un peu nauséeuse pendant environ une semaine après la chimio. Certaines personnes restent malades pendant deux semaines – mon gynécologue me parlait d’une patiente qui devait être hospitalisée après chaque chimio pendant deux semaines et qui a refusé de reprendre la chimio lorsque son cancer est revenu. Je dois m’estimer chanceuse sur ce plan.
Décidément, le moral joue un grand rôle dans la lutte. Le moral permet de tenir malgré la fatigue, le dégoût, les pensées pessimistes. J’ai aussi remarqué que j’ai beaucoup de cauchemars après les journées vides : lorsque je passe mon temps à me reposer, sans avoir la force d’allumer la télévision et sans visites. Mais lorsque les amies passent me voir, cela me donne de l’énergie, et je fais de petites choses ; mes nuits sont plus calmes et je dors plus longtemps, et je fais des rêves plus normaux, remplis de tas d’histoires et d’images. Les journées sans visite et sans stimulation sont absolument à éviter si je veux éviter des nuits longues pendant lesquelles je cauchemarde et je me réveille souvent. C’est difficile parce que lorsque je suis fatiguée, je n’ai même pas la force d’allumer la télévision et de choisir un programme ; mes yeux ne suivent pas toujours ce qu’il y a sur l’écran. Ce sont les visites qui permettent de me stimuler, me forcent à prendre une douche le matin, à garder une maison propre, et me forcent à essayer de penser à autre chose qu’à ma maladie, et m’incitent à boire et à manger par petites quantités.
Je ne sais pas comment remercie les amies qui font tant d’efforts pour moi. J’espère une longue rémission de nouveau, et de beaux moments de rigolade à nouveau dans le futur…


samedi 4 juillet 2015

Seconde chimio - Trente dedans et une dehors


Je suis bien fatiguée. J’ai eu la chimio numéro 2 lundi. Les nausées n’étaient pas trop fortes cette fois-ci, donc le nouveau médicament a bien marché. Malheureusement, le mercredi soir, j’ai commencé à vomir. Il faisait très chaud. Record historique de chaleur durant la nuit. Je vais m’en souvenir du record historique. Me suis levée plusieurs fois la nuit pour aller aux toilettes, et ai vomi encore le matin. Suis allée vers 6 h ouvrir le frigo pour chercher quelque chose à boire. Écœurement car je n’avais que du lait et pas du tout envie de boire du lait…  J’ai pris un yaourt, en ai avalé deux cuillerées, et le reste est assez flou.
J’ai senti une immense faiblesse, me suis levée pour aller vers la banquette m’allonger… me suis réveillée par terre avec un immense mal de crâne, la bouche en sang, j’avais cassé ma dent de devant. Ai tenté de marcher à nouveau à ma banquette, patatras ! Me suis réveillée a côté de la banquette, par terre à nouveau. Me suis reposée puis ai du remonter à l’étage pour appeler les copines, au secours !!! Florence a appelé l’hôpital pour savoir quoi faire, et j’ai été acceptée aux urgences. Florence y a passé la matinée avec moi (et en plus je me sens coupable, marre de solliciter tout le monde pour m’aider).
Bilan : déshydratation, restée la nuit à l’hôpital pour me réhydrater, dent cassée, points de suture sur la lèvre. Bref, super.
Décidément cette chimio se passe beaucoup moins bien que la première. J’ai plus de fatigue, plus de nausées, je suis découragée et en colère. Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Je n’arrive pas à me relaxer, je n’arrive pas à prendre un bain, ou à faire 2 minutes de yoga, à faire 3 minutes de méditation. Mon corps me dégoûte, j’essaie de l’oublier plutôt que d’en prendre soin. C’est pas bien, Catherinette, tss tss tss….
Ce matin, samedi, journée très chaude annoncée. J’ai beaaauuuucoup bu et mangé plusieurs tartines. Je suis sortie vers 7.00 à la fraîche pour aller regarder le jardin, j’allais touuuuuut doucement. J’ai arrosé quelques plantes du jardin, lennnnnntement. Les navets sont presque à point; les framboises superbes; les plans de maïs ont dépassé le stade de l’enfance; les haricots encore timides mais ils aiment ce soleil; mes pommes de terre noires très faibles mais les rouges semblent bien tenir; les courgettes et potirons sont bien en route malgré les ravages de Nono la souris qui laboure la terre régulièrement sans me demander mon avis... Le cycle de la vie qui continue, les bourdons qui venaient butiner très tôt le matin, c’est simple et joli. J’oublie ma maladie lorsque je suis au jardin, tout occupée à comprendre et prendre soin de mes petites plantes.  


Et maintenant je reste à la maison trannnnnnquillement, au frais. Cet après-midi, j’irai prendre le métro et faire les magasins, une stratégie très efficace pour rester au frais: le magasin de livres, s’asseoir avec un bouquin, et boire des smoothies pour reprendre des vitamines. Ou bien, s’il ne fait pas trop chaud, je resterai à la maison à l’ombre, sur le balcon, pour lire et écrire... on verra. Ça devrait commencer à aller mieux.