Les quatre jours de vacance à Malaga et
Grenade ont énormément aidé ! Au départ prévues pour deux semaines, avec
deux tickets d’avion non remboursables, j’ai changé la date de ces vacances en
changeant nos billets de retour, retenu deux hôtels en ville, pour transformer
nos deux semaines en un court séjour urbain de quatre jours et quatre nuits.
Jusqu’à la dernière minute, je me suis demandé
si j’avais fait le bon choix et si je n’aurais pas dû rester à la maison. Le matin
du départ, j’avais mal partout et j’étais encore faible. J’avais peur que trop
d’effort et trop de chaleur me fassent encore une fois m’évanouir. J’ai quand même
décidé de prendre l’avion, pour William je dois dire. Au pire, on ferait les déplacements
en taxi et en bus ; et pire du pire, on irait pas visiter l’Alhambra, on
resterait manger des tapas près de l’hôtel…
Une fois sur place, nous avons fait au
jour le jour, et même d’heure en heure. Nous sommes partis sans faire de grands
projets, le matin, et nous avons été d’un endroit à un autre, à notre rythme.
Tout s’est merveilleusement bien passé. C’était super de réaliser que j’apporte
encore beaucoup à mon fils, malgré la fatigue, et que je peux encore beaucoup
apprendre et profiter de la vie. J’ai pu oublié le cancer pendant plusieurs
heures d’affilée, ce qui n’arrivait plus depuis la rechute.
Au retour, dès le vendredi, bilan sanguin de
routine et visite de routine chez l’oncologue. Mes globules blancs sont encore
très bas mais cela ne stoppe pas la troisième chimio. J’ai donc reçu ma troisième
chimio ce lundi. Pas de grand drame cette fois-ci, ouf ! Un groupe d’amies
s’est relayé pour ne pas me laisser seule, j’avais donc de la visite le matin
et l’après-midi tous les jours pendant les trois jours suivant la chimio. Hier,
je sortais de la maison pour la première fois, encore bien faible et nauséeuse,
mais j’ai pu faire une petite course au magasin asiatique du coin, puis aller au jardin deux heures plus tard, puis dans la soirée aller
encore faire une autre course avec William qui portait le panier. L’appétit
commence à revenir, même si je reste un peu nauséeuse pendant environ une
semaine après la chimio. Certaines personnes restent malades pendant deux
semaines – mon gynécologue me parlait d’une patiente qui devait être hospitalisée
après chaque chimio pendant deux semaines et qui a refusé de reprendre la
chimio lorsque son cancer est revenu. Je dois m’estimer chanceuse sur ce plan.
Décidément, le moral joue un grand rôle dans
la lutte. Le moral permet de tenir malgré la fatigue, le dégoût, les pensées
pessimistes. J’ai aussi remarqué que j’ai beaucoup de cauchemars après les
journées vides : lorsque je passe mon temps à me reposer, sans avoir la
force d’allumer la télévision et sans visites. Mais lorsque les amies passent
me voir, cela me donne de l’énergie, et je fais de petites choses ; mes nuits
sont plus calmes et je dors plus longtemps, et je fais des rêves plus normaux,
remplis de tas d’histoires et d’images. Les journées sans visite et sans
stimulation sont absolument à éviter si je veux éviter des nuits longues
pendant lesquelles je cauchemarde et je me réveille souvent. C’est difficile parce
que lorsque je suis fatiguée, je n’ai même pas la force d’allumer la télévision
et de choisir un programme ; mes yeux ne suivent pas toujours ce qu’il y a
sur l’écran. Ce sont les visites qui permettent de me stimuler, me forcent à
prendre une douche le matin, à garder une maison propre, et me forcent à essayer
de penser à autre chose qu’à ma maladie, et m’incitent à boire et à manger par
petites quantités.
Je ne sais pas comment remercie les amies qui
font tant d’efforts pour moi. J’espère une longue rémission de nouveau, et de
beaux moments de rigolade à nouveau dans le futur…