mercredi 21 mars 2012

Montagnes et sérénité (Mountains and Serenity)

(English version below)

"  Grosses bises
du Chinaillon!
Belles pistes, ciel bleu,
superbes vacances!
Catherine et William."

"Cher Docteur H-- et chère équipe,
Grâce à vous je suis toujours en vie et très heureuse.
Je passe de superbes vacances avec mon fils
à la montagne. Je skie tous les jours!
Je ne vous remercierai jamais assez!
Catherine." 


La semaine dernière, sur les pistes enneigées, il n'y avait plus de cancer. J'ai tout oublié. Je marchais dans le vieux village savoyard le matin en prenant des photos. Je faisais quelques courses. Je revenais vers les pistes pour prendre un café en terrasse en attendant que les enfants rentrent de leurs cours de ski. L'après midi, nous partions, adultes et enfants, sur les pistes vertes et bleues du domaine. Glissades, paysages grandioses, silence de la montagne, et même un ciel exceptionnellement bleu azur tous les jours. Les dieux de la montagne nous avaient gâtés!

Ces vacances, j'en avais rêvé pendant toute ma maladie. Elles étaient devenues un objectif à atteindre et leur date marquerait la fin de mon traitement. J'avais dit à William en août dernier déjà que lorsque le traitement serait fini nous partirions en vacances au ski, en Février 2012. La symbolique était forte. Depuis des mois, j'avais imaginé ces vacances comme la vraie fin de mon traitement. Après les vacances, ce serait le retour à la vie normale. C'était une bonne idée.

Je ne savais pas encore si je serais en condition pour skier, mais, cerise sur le gâteau, je pouvais tout à fait skier. J'y suis allée doucement, mais j'ai skié tous les jours, pendant deux heures, sur des pistes faciles. Je me sentais extraordinairement bien!

Une grande page est tournée et le retour de vacances pour moi est synonyme de retour à une vie quasi-normale. Je me sens très heureuse.

Heureuse mais encore trop stressée! A mon grand étonnement, deux jours après notre retour à Rotterdam, je me sentais débordée de travail!

D'abord, tranquillement, j'avais commencé à faire notre album photos, entre deux lessives. L'album est fini (ainsi que les cinq lessives). Puis j'ai retravaillé le design de mon livre "Turning international" car je voudrais le publier avant la fin du mois. Un véritable exercice de patience car je ne connais pas le programme d'édition que je viens d'acheter. Ensuite il a fallu envoyer quelques emails pour finaliser la couverture... Le même jour, je voulais aussi reprendre mes efforts pour progresser en Néerlandais et ai passé une heure à réviser mon carnet de mots nouveaux. Sans oublier le rendez-vous à l'hôpital le lundi pour ma première visite de routine avec le gynéco-oncologue, et le rendez-vous chez le dentiste le mardi...

Au bout de 48 heurs, je me suis aperçue que j'étais stressée comme si je n'étais jamais partie! Oubliés mon yoga et ma méditation: pas le temps... Que répondre à ces deux invitations pour une interview? Quand vais-je recommencer à écrire sur le blog Expatscience? Quels sont les autres projets d'écriture à commencer maintenant? Est-ce que j'ai à nouveau toute mon énergie? Par où commencer et qu'est-ce qui est le plus important?...

Je me suis rendue compte soudain du mal que j'étais entrain de m'infliger! J'étais revenue en "pilote automatique". Je m'agite, je commence plusieurs choses à la fois, je pense à de nouveaux projets, et au final, je commence à angoisser et à me sentir débordée... Pourquoi?

Cette question restera sans réponse. Durant le cours de méditation, on nous dit que cela n'a pas d'importance et que la réaction la plus saine est de constater quelles sont nos réactions et de les laisser passer sans les juger. La sérénité permet de laisser passer ces vagues et de recentrer l'esprit sur l'essentiel. Comme une montagne sur laquelle passent les nuages et les saisons, sans l'ébranler.

Donc, je suis comme ça, à faire des plans et à me mettre moi-même la pression. Lorsque rien de m'arrête. Le problème est que je veux m'arrêter car je sais que je me torture inutilement. Il faut stopper ce "pilote automatique" fou et faire le tri dans ce qui est vraiment important, pour arrêter les choses les moins importantes qui sont sources de stress.

Techniquement, j'ai maintenant quelques outils (mentaux!) grâce au cours de pleine conscience ou mindfulness. Donc, appliquons ce qu'on m'a appris.

Pour stopper le pilote automatique, ou du moins pour le ralentir un peu, il faut en prendre conscience. Régulièrement, il faut savoir s'assoir, fermer les yeux et respirer en se concentrant sur sa respiration. C'est le principe clef de la méditation. Concentration sur ma respiration. Puis concentration sur les sensations venant de mon corps. Concentration sur la respiration à nouveau. Concentration sur mes sentiments et mes ressentis, mon humeur générale. Respiration. Concentration sur mes pensées: les regarder passer sans les juger et sans me laisser emporter. Concentration sur ma respiration.

Corps, sentiments, pensées. Il faut s'entraîner régulièrement, lors de la méditation assise à penser à ces trois choses l'une après l'autre: corps, sentiments, pensées.

Et il faut aussi pratiquer régulièrement dans la vie quotidienne: arrêter ses activités pendant trois minutes et se concentrer sur son ressenti (encore une fois... corps, sentiments, pensées). Et continuer à vivre, en tentant d'être plus conscient, plus éveillé, plutôt que rester dans ses pensées et se couper du monde et de ses propres sensations.

En stoppant et en respirant, je deviens plus à même de prendre conscience de mes émotions. Parfois je leur donne des noms: la tristesse, la peur, la fatigue, la curiosité, l'excitation. Souvent je ne peux pas leur donner de noms précis, mais je les ressens pourtant et en prends conscience... Alors lorsque je rouvre les yeux, je suis un peu plus calme et mieux préparée pour relativiser tout ce qui auparavant me semblait si important.

Rien n'arrive si on pratique cet exercice une fois seulement. Mais depuis plusieurs semaines que je le pratique, je commence à reconnaître plus facilement mes émotions et en particulier les situations qui me stressent. J'arrive à me surprendre entrain de m'affliger du stress à moi-même en me mettant la pression inutilement. Lorsque j'en deviens consciente, je suis plus à même de découvrir quelles sont les pensées qui sont les plus stressantes, et à prendre une décision concernant la conduite à tenir.

Je peux alors me faire une liste réaliste des choses à faire en une journée, et ne pas chercher à faire trop et tout à la fois. Je simplifie, et j'organise mieux. Ce n'est pas un remède miracle, mais ça aide. Plus je reconnais mes sentiments, plus je simplifie ma vie en supprimant les activités qui prennent du temps et de l'énergie, et plus j'ai de temps pour travailler aux choses les plus essentielles.

Mardi soir, réalisant que je n'avais pas encore fait ni méditation ni yoga depuis mon retour et que je stressais devant mon ordinateur, j'ai soudain tout arrêté. Je suis montée dans ma chambre, et j'ai passé une heure en méditation et yoga. Je me suis calmée, j'ai pris de la distance, et j'ai repris mes activités le lendemain beaucoup plus paisiblement, l'une après l'autre. Et puis j'ai mis une photo de la montagne sur mon écran d'ordinateur, comme un double rappel: mes superbes vacances avec William, et ma recherche de sérénité.



Ecrit le Le Mercredi 7 Mars 2012

***

English version: Mountains and serenity

"Love and kisses
from Chinaillon!
beautiful tracks, blue sky,
great holiday!
Catherine and William. "

"Dear Doctor H-- and team
Thanks to you I'm still alive and very happy.
I'm having great holidays with my son,
in the mountains. I can ski every day!
I can not thank you enough!
Catherine. "

Last week, on the snowy slopes, there was no cancer. I forgot everything. I walked in the old village in the morning, taking pictures. I did some shopping. I returned to the slopes for a coffee on a sunny terrace waiting for the kids to come back from their ski lessons. In the afternoon, adults and children we all went to the green and blue slopes of the domain. Everyday was the same: Slides, landscapes, silence of the mountains, and even an exceptionally azure sky. The gods of the mountains were with us!

I had dreamed about these holidays throughout my illness. They had become a target and date would mark the end of my treatment. I told William last August that when my treatment would be finished, we would leave on vacation skiing in February 2012. The symbolism was strong. For months I had imagined this holiday as the true end of my cure. After the holidays, it would return to normal life. It was a good idea.

I did not know if I would be strong enough for skiing... but the cherry on the cake (a French expression) was that I could also ski. I went slowly, but I skied every day for two hours on easy slopes. I felt extraordinarily well!

A great page is turned and being back from these vacations for me is synonymous with a return to near-normal life. I feel very happy.

But soon too stressed again! To my astonishment, two days after our return to Rotterdam, I was swamped with work!

First, quietly, I started to do our photo album, in between starting the washing machine. The album is finished (and so are 5 washes). Then I reworked the design of my book "Turning International", something that seems to be never ending. A true exercise in patience because I do not know the editing program that I just bought. And back to emails... The same day I also wanted to continue my efforts to progress in Dutch and spent an hour to review my booklet with new words. And then the appointment at the hospital on Monday for my first routine visit with the gynecologist-oncologist. The appointment at the dentist on Tuesday ...

After 48 hours, I realized that I was stressed as if I was never gone! Forgotten my yoga and my meditation: no time... Instaed, a head full of questions: What do I reply to these two invitations for an interview? When will I start writing again on my blog Expatscience? What other writing projects to start now? Do I have all my energy again? Where to start and what is more important? ...

I suddenly realized that I was just torturing myself! I was back in "autopilot". I'm excited, I start many things at once, I think of new projects, and ultimately, I start to feel anxious and overwhelmed ... Why?

This question will remain unanswered. During the course of meditation, we are told that it does not matter and that the healthiest response is to see our own reactions and let them pass... just like this, without judging them. The serenity is to let these waves pass by, and focus the mind on the essentials. Like a mountain: the clouds are passing, and the seasons, but the mountain does not shake.

So this is who I am, and I am making too many plans and pressure myself to the point that I panic. When nothing stops me, that is. But I do want to stop this or to slow it down.

Technically, I now have some tools (mental ones!) thanks to the mindfulness class (translated as "full awareness" in French). So, let's apply what I've learned.

To stop the automatic pilot, or at least to slow it down a little, we must be aware of its existence and how it looks like. Regularly, we should sit down or stop moving, close your eyes and breathe in focusing on our breathing. This is the key principle of meditation. So I focus on my breathing. Then focus on the sensations coming from my body. Attention on breathing again. Focus on my emotions and my feelings, my mood. Breathing. Attention of my thoughts: watch them pass without judging them and without getting carried away. Focus on breathing.

Body, feelings, thoughts. We must train regularly during sitting meditation to think about these three things, one after the other: body, feelings, thoughts.

And we must also practice regularly in everyday life: from time to time, stop moving for three minutes (especially before starting a new task) and focus on how it feels right at this moment (again ... body, feelings, thoughts). And continue living, trying to be more aware, more awake, rather than remain in automatic thoughts.

By stopping and breathing, I become more able to become aware of my emotions. Sometimes I give them names: sadness, fear, fatigue, curiosity, excitement. Often I can not give them specific names, but I feel them yet and am aware... So when I open my eyes, I'm a bit calmer and better prepared to put in perspective all that had seemed so important.

Nothing happens if you practice this exercise only once. But after several weeks of daily practice, I begin to recognize my emotions, in particular when I stress myself out. I manage to surprise myself putting myself under pressure unnecessarily. When I become aware of this, I am better able to discover what are the thoughts that are most stressful, and to make a decision about what to do.

It helps to make a realistic list of things to do in one day, and not try to do too much at once. The best moment to do the list is the evening before. It's not a miracle cure, but it helps. As I recognize my feelings better, I simplify my life by eliminating activities that take time and energy, and I have time to work for the most essential things.

Tuesday night, realizing that I had not done yoga or meditation since my return and that I was stressed in front of my computer, I suddenly stopped everything. I went up to my room and spent an hour in meditation and yoga. I calmed down. I tried to see things from a distance. And I resumed my activities the next day more quietly, one after another.

And then I choose one of the pictures I had taken in Chinaillon and put this picture on my computer screen, as a double reminder: my wonderful holiday with William, and my search for serenity... just like a mountain.

 


Wednesday, March 7, 2012
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dimanche 18 mars 2012

Premiers pas vers la "mindfulness" (attention et méditation) - My First Steps towards Mindfulness (consciousness and meditation)

[English translation below]

Le Vruchtenburg de la rue Straatweg est une ancienne ferme reconvertie en centre d'accueil. Maison discrète aux murs blancs, elle cache un extraordinaire jardin offrant de petites allées sur lesquelles il fait bon se promener et méditer.
La première fois que j'y suis allée, l'été dernier, je me suis assise au bord de leur petit coin d'eau entouré de joncs, et je me suis endormie. Dans la maison, l'atmosphère est douce, et les poutres en bois sont éclairées par des petites lampes en forme de toiles d'araignées allongées comme des hamacs. Ca sent le neuf et pourtant l'ambiance rappelle la petite fermette au milieu de nulle part où une vieille femme va venir nous servir un bon potage cuit au coin du feu...

Mais nous sommes à Rotterdam, au cœur de la zone la plus peuplée d'Europe. Le Vruchtenburg est un centre d'aide aux patients souffrant du cancer et à leur famille. Il est géré par des volontaires et propose des services professionnels, soutien psychologique et information sur le cancer.

Je m'y rends désormais tous les lundis après-midi religieusement. J'y ai commencé mon programme de remise en forme (mon après cancer) avec un "Mindfulness training": Une série de 9 après-midis sur le thème de la méditation pour combattre le stress et l'anxiété. Mindfulness signifie prise de conscience. L'objectif est de nous entrainer à mieux vivre dans le présent. Nous sommes six femmes, de tous âges (je suis choquée de ne pas être la plus jeune!) et ayant ou ayant eu toutes sortes de cancer. La très sereine Elizabeth nous guide dans le contrôle de nos émotions.

Le premier cours n'a pas été très intense, plutôt plaisant. Présentation générale où nous avons raconté en bref nos histoires, singulières mais toujours douloureuses. Puis des exercices simples de prise de conscience. Nous avons terminé par une petite séance de méditation légère, une prise de conscience de notre respiration et de nos sensations corporelles, pendant quelques minutes seulement et assises confortablement sur nos chaises.

Au second cours, les émotions ont commencé à se bousculer. J'ai fait mes premiers pas dans l'apprentissage des effets de la mindfulness. Cela a commencé lorsque je suis arrivée et ai dit à Elizabeth que je pouvais bien la comprendre car ses instructions étaient données lentement, mais que j'avais eu du mal à comprendre en détails les histoires personnelles des autres personnes (le cours est en néerlandais). Elle m'a alors posé une question qui m'a surprise, mais qu'elle posera maintes fois par la suite: "Et qu'est-ce que tu ressens lorsque tu penses à ça, là et maintenant?" Je lui ai répondu en souriant et en accrochant mon anorak au porte-manteau: "oh, ca va, je suis très habituée!" 

Elizabeth a quitté la salle une minute pour aller chercher de l'eau. Lorsqu'elle revient, avec d'autres femmes qui arrivent en même temps, je suis en larmes. Personne ne me pose de question et tant mieux. Le cours commence. Qu'est-ce que je ressens? C'est pour cela que je suis là. Pas pour répondre en souriant que tout va bien. Je suis triste de ne pas bien comprendre le néerlandais après 10 ans passés dans le pays. Je me sens nulle. Vraiment, j'ai raté quelque chose... J'ai raté beaucoup de choses...

C'est sans doute ma toute première découverte dans ce cours de méditation: être en contact avec mes émotions réelles, au lieu de croire à ce que je dis pour être gentille et épargner mon entourage, ou pour tenter d'être "forte". Si je suis honnête avec moi-même je dois bien admettre que je suis extrêmement triste de ne pas parler le néerlandais couramment. Mais je suis triste également lorsque j'essaie de l'apprendre.

Les raisons en sont multiples mais elles ne sont pas importantes finalement, car la vraie découverte est de reconnaître cette vérité simple: cette situation d'immigrante continue de peser un poids très lourd sur mes épaules. J'ai souvent tendance à l'ignorer et à faire les choses au mieux dans mes limites. Finalement, quoi que je fasse la situation est désagréable: apprendre le néerlandais est couteux en temps et cela me frustre infiniment de gaspiller du temps alors que j'ai tant d'autres projets; mais ne pas bien savoir parler la langue locale est également extrêmement frustrant et embarrassant. 

Qu'est-ce que cela à avoir avec le cancer? En une question, "qu'est-ce que tu ressens?", Elizabeth me rappelle une grande règle de la sagesse orientale. Prendre conscience de ses émotions intimes, et puis les accepter comme elles sont. Ne pas vouloir être plus heureuse, mais simplement constater. Nous souffrons dans certaines situations, voire même dans beaucoup de situations. Il ne faut pas nier la réalité, et juste la regarder en face.
Et pour cela, s'arrêter de bouger, écouter sa respiration et écouter son corps deviennent importants. Il faut développer la connaissance de soi-même et développer sa concentration, pour être capable d'écouter les messages subtils que nous envoient notre corps qui traduisent nos réactions émotionnelles les plus cachées.

Qu'est-ce que cela change? Est-ce que cela réduit la douleur? Cela réduit un peu l'intensité des émotions effectivement. Mais il y a encore plus important, je trouve. Cela permet de faire de meilleurs choix. Après avoir pris conscience que les deux situations me pesaient ("perdre du temps" à apprendre ou souffrir de ne pas parler couramment), je suis maintenant plus libre de prendre une décision. Quel est le pire? Est-ce que cela ne vaudrait pas le coup de passer plusieurs semaines à travailler intensément le néerlandais pour passer du niveau intermédiaire au niveau supérieur? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de perdre du temps lorsque j'apprends le néerlandais et comment l'éviter?... 

La prise de conscience m'a aidé à avoir l'esprit plus clair et mes sentiments sont plus modérés. C'est une surprise: Je m'attendais à parler du cancer et voilà que nous parlons d'une situation de la vie courante! Le cancer a l'art de bouleverser les choses de la vie qui au départ semblent totalement indépendantes de la maladie. Tiens, mais on dirait que le cancer vient encore de m'apprendre une leçon!
 ***
 English version: First steps towards "mindfulness" (consciousness and meditation)
The Vruchtenburg in the Straatweg street, is a farmhouse converted in a reception center. A discreet house with white walls, it hides an extraordinary garden with small alleys in which it is pleasant to walk and meditate.

The first time I went there last summer, I sat beside their little piece of water surrounded by reeds, and I fell asleep. In the house, the atmosphere is sweet, and wood beams are lit by small lamps shaped like spider webs in a form of stretched hammocks. It smells new and yet the atmosphere recalls the small farmhouse in the middle of nowhere where an old woman will come to serve us a good soup cooked by the fire ... But we are in Rotterdam, the heart of the most populated area of ​​Europe. The Vruchtenburg is a support center for cancer patients and their families. It is run by volunteers and offers professional services, counseling and cancer information.

I go there every Monday afternoon religiously. I started my remediation program with a "Mindfulness training": A series of nine afternoons on the subject of meditation for reducing stress and anxiety. Mindfulness means awareness and the objective is to cause us to live better in this. We are six women of all ages (I am shocked not to be the youngest!) And having all kinds of cancer. The very serene Elizabeth guides us in controlling our emotions and developing slowly better awareness.

The first course was not very difficult- rather pleasant actually. An general introduction where we had also the opportunity to tell our stories in brief, all singular but all always painful. Then followed simple exercises of awareness or mindfulness. We finished with a short meditation, focusing on the awareness of our breathing and body sensations - only a few minutes and sitting on chairs.

The second course, the emotions started to be awakened in me. I took my first steps in learning the effects of mindfulness. It started when I arrived and told Elizabeth that I could well understand her because his instructions were given slowly (the entire class is in Dutch, not my native language), but that I struggled to understand in detail the personal stories of others. She then asked a question that surprised me, but that she would ask many times later in the coming weeks: "And what do you feel when you think about this, right now?" I replied, smiling and hanging in my parka coat: "oh, it's all right with me, I'm very used to it!"

Elizabeth left the room for a minute to bring back water. When she returned, with other women arriving at the same time, I was in tears. Nobody asked questions and that was all the better. The course began. What did I feel? That's why I was here. Not to respond with a smile that all was well. I realized that I was very sad not understand the Dutch fluently after 10 years in the country. I felt like a failure. Really. I felt I had missed something ... I had missed a lot and fail at a lot of things...

This was probably my first real discovery from the meditation course: I was finally in touch with my real emotions, instead of believing in what I said to be nice, avoid people to feel embarrassed or sad for me, or to desperately convince myself to be "strong".

Yes, if I was honest with myself, I had to admit I am very sad not to speak Dutch fluently. But I'm also sad when I try to learn it. The reasons are many but they are not important, because the real discovery is to recognize this simple truth: the situation of being an immigrant sometimes feels like a very heavy weight on my shoulders. I often tend to ignore it and do things in my limits. But at the end of the day, whatever I do, the situation is unpleasant: To learn Dutch is costly in time. It frustrates me to feel like wasting my time to improve my skills when I have so many other projects. But not being able to understand or speak it fluently is also extremely frustrating and embarrassing.

What does this have to do with cancer? In one question, "what do you feel?" Elizabeth reminded me a great rule of Eastern wisdom: to become aware of my deepest emotions, and then to accept them as they are. It is not about wanting to be happier, but it is about simply being able to observe myself as I am. We suffer in certain situations, and perhaps even in many situations. And instead of deny the reality of this uncomfortable or painful feeling, let's just face it up. And that is why stopping moving, to listen to one's own breathing and to listen to our body signals become very important. We must develop knowledge of self and develop concentration, to be able to listen to the subtle messages our body is sending. This reflects our emotional reactions, many of them carefully hidden from our awareness.
What difference does it make? Does it reduces the pain? This reduces somewhat the intensity of emotions indeed.

But there is even more important, I think. This helps to make better choices. After realizing that I did not like any of the situations (neither "wasting time" to learn Dutch, neither ending up in social situations where I felt embarrassed not to be more fluent), I am now more free to make a decision. Which one is worse? Is it worth spending several hours a week working intensely to pass the Dutch intermediate level? Why do I get the feeling of wasting time when I learn Dutch and how to avoid it? ...

Awareness helped me to have a clearer mind and my feelings became milder. It was a surprise: I expected to learn from my issues with the cancer and suddenly I realized that I was learning a lot from a situation that was a problem in my everyday life! Cancer has a way of disturbing many things in our lives that at first seem completely independent of the disease. Hey, but it looks like cancer has taught me a lesson... once again!
February 17, 2012



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