mercredi 28 novembre 2018

« Le livre tibétain de la vie et de la mort » pour les non bouddhistes ? Mon résumé de lecture



Certains bienfaits de la méditation, non religieuse, mais d’inspiration bouddhiste, sont étudiés et démontrés. La technique de MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction ou Méditation de la pleine conscience pour réduire le stress) développée par le médecin américain Jon Kabat-Zinn dans les années 1970s est appliquée dans des centres de soin dans plusieurs pays avec un certain succès. Elle permet de réduire le stress, l’anxiété et les douleurs chroniques. Ainsi, elle est utilisée chez des patients atteints de cancer ou en rémission.

Partant de cette idée, je me suis intéressée aux livres sur la méditation et dernièrement, je cherche des informations sur la méditation en fin de vie. Le livre « Le livre tibétain de la vie et de la mort » de Sogyal Rinpoché est un ouvrage souvent cité, dont la lecture était recommandée, par exemple, dans un ouvrage de David Servan-Schreiber dans un cadre non religieux. C’un petit monde cependant où on retrouve souvent les mêmes auteurs recommandant les mêmes livres.  

En fait, j’ai été assez déçue car l’ouvrage est très religieux. Quelques éléments sont intéressants pour les non croyants comme moi, mais l’ouvrage est très long et contient de nombreux passages détaillés sur les croyances bouddhistes sur la réincarnation, les vies antérieures et futures et leur accès. Il faut le savoir avant de se lancer dans ce pavé.  

Le livre se compose de trois parties. La première partie de l’ouvrage introduit aux croyances générales sur le bouddhisme tibétain et surtout sur la réincarnation qui est le véritable sujet du livre. Cette première partie présente les arguments qui valident la thèse de la réincarnation dans la perspective du bouddhisme tibétain. Beaucoup de références historiques et des anecdotes y sont développées. L’ouvrage est écrit pour le lecture occidental et, accompagné de nombreuses explications des termes tibétains et des concepts religieux de base. Illustré par de très nombreuses histoires et anecdotes, comme le reste du livre, la lecture de cette partie est assez facile à suivre. Bon, je n’ai pas été convaincue… mais je suis une scientifique indécrottable et il me faut bien plus qu’une anecdote ou deux pour me convaincre… Ceci dit, si vous croyez déjà un peu à la réincarnation, cette lecture peut achever de vous convaincre et de vous enthousiasmer.

La seconde partie est la plus intéressante pour les non croyants car elle contient des conseils pratiques pour les personnes qui accompagnent les personnes malades en fin de vie. Elle commence au chapitre 11. Rinpoché insiste surtout sur l’importance de l’écoute, du pardon, de l’amour inconditionnel (malgré d’éventuels conflits passés). Il recommande d’éviter de prendre personnellement la possible colère de la personne malade : cette personne a tout perdu dans la vie, rappelez-vous, mettez-vous à sa place.   Le dialogue, parler ouvertement de la mort qui arrive, sont possibles et jamais trop tard, explique-t-il. Il illustre ses propos d’histoires de patients chez lesquels il a observé que parler de la mort est d’abord difficile, entraîne des pleurs, parfois pendant plusieurs jours, puis, un soulagement et une intimité, un apaisement dans les relations et chez le patient et la personne proche.

Les chapitres suivants sont consacrés au développement de la compassion, de l’amour inconditionnel, du pardon. Les derniers chapitres de cette partie décrivent le processus menant à la mort et les préparations à ce processus sur un plan religieux. Le processus est décrit comme le Powah, et se déroule avec l’accompagnement d’un moine ou maître religieux qui est le maître de l’élève. C’est un processus auquel les bouddhistes doivent se préparer durant toute leur vie, et non pas seulement en fin de vie. Il s’agit de passer par certains états de conscience et se préparer au transfert vers une autre vie.   

La troisième et dernière partie de l’ouvrage, mort et renaissance, est dédiée au passage entre la vie et la mort, et aux techniques de méditation recommandées en fin de vie pour une réincarnation ‘réussie’. Cette partie est en fait très religieuse. Je pensais y trouver des recommandations de techniques de méditation applicables au non-croyant. Des techniques de compassion y sont recommandées. Ainsi, pour faire face à notre propre mort, il est utile de développer une compassion pour les personnes également confrontées à la mort, au deuil ou à la maladie, et des techniques de visualisation sont alors utilisées, aidant à imaginer que l’on peut aider ces personnes en leur souhaitant le bien-être.

Un chapitre est dédié au phénomène d’expérience de mort imminente, là encore avec un biais religieux évident, destiné à renforcer l’idée de vie au-delà de la mort physique (mais mes lectures scientifiques sur le sujet par ailleurs ne m’ont pas convaincue non plus…).

Dans l’ensemble, donc, c’est une excellente introduction aux croyances bouddhistes sur la fin de vie et la réincarnation. Peu de conseils cependant pour les non-croyants hormis peut-être pour les accompagnants.

Mes recommandations de lecture ? Sogyal Rinpoché cite souvent Kubler-Ross, qui effectivement est l’auteure qui a exploré pour la première fois systématiquement l’impact émotionnel de la fin de vie sur la personne malade et ses proches. Les thèses et observations de Kubler-Ross (datant des années 1970) ont été développées depuis lors dans le cadre plus général des études de psycho-oncologie, une discipline qui n’existait pas il y a quelques décennies et s’est beaucoup développée depuis les années 1980. Si vous avez un peu de temps, allez lire la partie historique d’un article auquel j’ai beaucoup contribué sur Wikipédia, Psycho-oncologie https://fr.wikipedia.org/wiki/Psycho-oncologie. En l’écrivant, j’y ai découvert à quel point en quelques décennies les tabous sur la mort sont tombés en occident dans le cadre des soins palliatifs, cela peut aussi vous intéresser. Je n’ai pas eu le temps de finir toutes les sous-parties malheureusement mais la partie historique est complète 😊  et l’idée de wikipedia est que d’autres compléteront les articles (peut-être vous ?). 😉 Bonne lecture...

*****

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'était un beau travail sur Wikipédia, et il te fait honneur, bon courage P13

Catherine T. a dit…

Merci P13 :-)