Certains bienfaits de la méditation, non religieuse, mais d’inspiration
bouddhiste, sont étudiés et démontrés. La technique de MBSR (Mindfulness Based
Stress Reduction ou Méditation de la pleine conscience pour réduire le stress) développée
par le médecin américain Jon Kabat-Zinn dans les années 1970s est appliquée
dans des centres de soin dans plusieurs pays avec un certain succès. Elle
permet de réduire le stress, l’anxiété et les douleurs chroniques. Ainsi, elle
est utilisée chez des patients atteints de cancer ou en rémission.
Partant de cette idée, je me suis intéressée aux livres sur
la méditation et dernièrement, je cherche des informations sur la méditation en
fin de vie. Le livre « Le livre tibétain de la vie et de la mort » de
Sogyal Rinpoché est un ouvrage souvent cité, dont la lecture était recommandée,
par exemple, dans un ouvrage de David Servan-Schreiber dans un cadre non
religieux. C’un petit monde cependant où on retrouve souvent les mêmes auteurs
recommandant les mêmes livres.
En fait, j’ai été assez déçue car l’ouvrage est très
religieux. Quelques éléments sont intéressants pour les non croyants comme moi,
mais l’ouvrage est très long et contient de nombreux passages détaillés sur les
croyances bouddhistes sur la réincarnation, les vies antérieures et futures et
leur accès. Il faut le savoir avant de se lancer dans ce pavé.
Le livre se compose de trois parties. La première partie de
l’ouvrage introduit aux croyances générales sur le bouddhisme tibétain et
surtout sur la réincarnation qui est le véritable sujet du livre. Cette
première partie présente les arguments qui valident la thèse de la
réincarnation dans la perspective du bouddhisme tibétain. Beaucoup de références
historiques et des anecdotes y sont développées. L’ouvrage est écrit pour le
lecture occidental et, accompagné de nombreuses explications des termes
tibétains et des concepts religieux de base. Illustré par de très nombreuses
histoires et anecdotes, comme le reste du livre, la lecture de cette partie est
assez facile à suivre. Bon, je n’ai pas été convaincue… mais je suis une
scientifique indécrottable et il me faut bien plus qu’une anecdote ou deux pour
me convaincre… Ceci dit, si vous croyez déjà un peu à la réincarnation, cette
lecture peut achever de vous convaincre et de vous enthousiasmer.
La seconde partie est la plus intéressante pour les non
croyants car elle contient des conseils pratiques pour les personnes qui
accompagnent les personnes malades en fin de vie. Elle commence au chapitre 11.
Rinpoché insiste surtout sur l’importance de l’écoute, du pardon, de l’amour
inconditionnel (malgré d’éventuels conflits passés). Il recommande d’éviter de prendre
personnellement la possible colère de la personne malade : cette personne
a tout perdu dans la vie, rappelez-vous, mettez-vous à sa place. Le
dialogue, parler ouvertement de la mort qui arrive, sont possibles et jamais
trop tard, explique-t-il. Il illustre ses propos d’histoires de patients chez
lesquels il a observé que parler de la mort est d’abord difficile, entraîne des
pleurs, parfois pendant plusieurs jours, puis, un soulagement et une intimité,
un apaisement dans les relations et chez le patient et la personne proche.
Les chapitres suivants sont consacrés au développement de la
compassion, de l’amour inconditionnel, du pardon. Les derniers chapitres de
cette partie décrivent le processus menant à la mort et les préparations à ce
processus sur un plan religieux. Le processus est décrit comme le Powah, et se
déroule avec l’accompagnement d’un moine ou maître religieux qui est le maître
de l’élève. C’est un processus auquel les bouddhistes doivent se préparer durant
toute leur vie, et non pas seulement en fin de vie. Il s’agit de passer par certains
états de conscience et se préparer au transfert vers une autre vie.
La troisième et dernière partie de l’ouvrage, mort et renaissance,
est dédiée au passage entre la vie et la mort, et aux techniques de méditation recommandées
en fin de vie pour une réincarnation ‘réussie’. Cette partie est en fait très
religieuse. Je pensais y trouver des recommandations de techniques de
méditation applicables au non-croyant. Des techniques de compassion y sont
recommandées. Ainsi, pour faire face à notre propre mort, il est utile de développer
une compassion pour les personnes également confrontées à la mort, au deuil ou
à la maladie, et des techniques de visualisation sont alors utilisées, aidant à
imaginer que l’on peut aider ces personnes en leur souhaitant le bien-être.
Un chapitre est dédié au phénomène d’expérience de mort
imminente, là encore avec un biais religieux évident, destiné à renforcer l’idée
de vie au-delà de la mort physique (mais mes lectures scientifiques sur le
sujet par ailleurs ne m’ont pas convaincue non plus…).
Dans l’ensemble, donc, c’est une excellente introduction aux
croyances bouddhistes sur la fin de vie et la réincarnation. Peu de conseils
cependant pour les non-croyants hormis peut-être pour les accompagnants.
Mes recommandations de lecture ? Sogyal Rinpoché cite souvent Kubler-Ross, qui effectivement est l’auteure qui a exploré pour la première fois
systématiquement l’impact émotionnel de la fin de vie sur la personne malade et
ses proches. Les thèses et observations de Kubler-Ross (datant des années 1970)
ont été développées depuis lors dans le cadre plus général des études de psycho-oncologie,
une discipline qui n’existait pas il y a quelques décennies et s’est beaucoup
développée depuis les années 1980. Si vous avez un peu de temps, allez lire la
partie historique d’un article auquel j’ai beaucoup contribué sur Wikipédia,
Psycho-oncologie https://fr.wikipedia.org/wiki/Psycho-oncologie.
En l’écrivant, j’y ai découvert à quel point en quelques décennies les tabous
sur la mort sont tombés en occident dans le cadre des soins palliatifs, cela
peut aussi vous intéresser. Je n’ai pas eu le temps de finir toutes les
sous-parties malheureusement mais la partie historique est complète 😊
et l’idée de wikipedia est que d’autres
compléteront les articles (peut-être vous ?). 😉
Bonne lecture...
*****
2 commentaires:
C'était un beau travail sur Wikipédia, et il te fait honneur, bon courage P13
Merci P13 :-)
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