mardi 20 mars 2018

Pendant ce temps, les enfants grandissent...


Depuis qu’il est adolescent, mon fils souffrait de la garde alternée. Il n’aime pas du tout avoir ses affaires à deux endroits, faire ses valises qui deviennent de plus en plus lourdes à mesure qu’il grandit (les livres d’école, l’ordinateur portable, les chaussures de sport préférées, le sweatshirt préféré…). Il a donc pris la décision d’aller vivre chez son père, qui habite désormais dans un nouvel appartement très moderne, au centre ville, à coté de la gym, à coté des magasins et des métros.
On m’avait prévenu que les adolescents choisissent souvent le parent du même sexe, et je m’attendais à sa décision. Mais dans un contexte où j’ai l’impression que je n’ai plus beaucoup de temps devant moi, la douleur de son départ est immense. Je suis tombée dans un gouffre de solitude dont j’ai du mal à sortir.

Tout s’est fait à l’amiable, en respectant ce que mon fils désirait – il a seize ans et demi. Il passe deux après-midis par semaine avec moi, viendra chez moi durant la moitié des vacances comme avant, et de temps en temps durant l’année scolaire aussi lorsque son père ira travailler quelques jours à l’étranger. Est-ce que j’ai bien fait ??? Est-ce que j’aurais dû insister pour qu’il passe plus de temps avec moi et qu’il reste un week-end sur deux ? Il ne voulait plus du tout faire ses valises et m’a suppliée de ne pas retomber dans un arrangement où il doive encore faire ses valises toutes les deux semaines. C’est un jeune homme et j’ai toujours voulu qu’il soit heureux et indépendant, et il l’est.
Alors j’ai accepté.

Mais récemment, j’ai reçu des jugements, on me dit que je n’aurais pas dû accepter cela et que j’ai fait preuve de faiblesse… et je me suis effondrée un peu plus bas. Est-ce que j’ai bien fait d’accepter un arrangement voulu par mon fils ? J’avais envie qu’il vive chez moi mais, d’une part, son père refusait catégoriquement, et de plus, cela impliquait qu’il serait là lors de ma rechute, et j’avais peur que cela impacte son adolescence et ses études surtout. Est-ce un signe de faiblesse ? Je suis sortie de ce mode de pensée où je serais en compétition avec mon ex-mari. Je veux la paix, je veux que mon fils soit heureux. Est-ce que c’est à mon détriment ? Oui bien sûr. Est-ce que je suis triste et déprimée par la situation… ? Oui bien sûr. Est-ce de la faiblesse ? J’avais eu l’impression au contraire de faire preuve de courage.

Je n’ai pas l’impression d’avoir fait une erreur. J’ai surtout cherché à protéger mon fils. Mais je vais reprendre le chemin de la conseillère spécialisée dans le cancer et le deuil, pour aller chercher aide et soutien professionnel pour surmonter ce moment difficile, de la réassurance peut-être, et discuter des meilleurs moyens de parler de la maladie à un adolescent.

Et puis, j’ai repris doucement la méditation, pour calmer les angoisses qui ressurgissent. Juste quelques minutes par jour, mon esprit est un peu plus calme, les vagues s’agitent toujours autour de mon bateau mais j’ai moins peur qu’il ne chavire et ne retombe au fond de l'abîme.


6 commentaires:

Frédérique a dit…

Bonjour Catherine,

De faiblesse ??? Je me demande qui est ce "on" qui se permet de vous juger... Il me semble au contraire que vous dépassez un raisonnement binaire pour aller vers la meilleure solution pour votre fils. Compte tenu des circonstances, meilleure ne veut pas dire idéale mais bien "au mieux". Je ne connais pas les détails de votre vie, mais de l'extérieur, il me semble que vous êtes la meilleure maman qu'il soit ;-). Et n'oubliez pas, peut-être, d'être aussi votre meilleure amie ?
Bien à vous,

Anonyme a dit…

Bonjour

non je ne trouves pas non plus que vous avez fait preuve de faiblesse ou tort
vous avez eu le courage de respecter le désir de votre fils même si vous voulez profiter au maximum de sa présence
il a peut être besoin de prendre un peu de distance pour se protéger par rapport à ce que vous vivez tous les deux depuis quelques temps déjà , même si il vous aime
prenez soin de vous
marion

Anonyme a dit…

Ma soeur,
Nous en avons discuté et je pense que tu as eu raison de respecter son choix. Au fond de toi, tu sais que tu as fait le bon choix pour lui ; tu n'as pu le faire que par amour pour ton fils, je n'y vois aucune faiblesse.
Je comprends ta solitude cependant. Je ne supporterais pas de vivre seul.
Mais tu as fait ce qu'il fallait, j'en suis convaincu.
Je t'embrasse.

Catherine T. a dit…

Merci beaucoup Frédérique et Marion, pour vos échanges qui me réconfortent. J'ai eu depuis lors d'autres échanges où on me dit que d'une part, j'ai fait tout à fait la bonne chose. Mais que par ailleurs, il faudrait que je m'assure que mon fils ait compris la situation médicale - et je ne crois pas que ce soit le cas. Je vais travailler sur ce point avec une conseillère spécialisée dans le cancer, et peut-être retourner voir une psychologue spécialiste du cancer qui m'avait beaucoup éclairée en 2011 et 2012 lorsque je me demandais comment parler de la maladie à mon garçon. Je ne peux plus le protéger comme lorsqu'il avait 10 ans...

Fréro : je te réponds directement ce week-end :-)

Je vous embrasse,
Catherine

Anonyme a dit…

Bonjour Catherine,
Vous avez pris la meilleure décision. Il n'y a pas d'autres choix.
Ceux qui vous disent le contraire font une grosse erreur.
Vous ne pouvez pas imposer quoique soit à votre fils.
Il a 16 ans 1/2 ce n'est plus un enfant.
Je pense que votre fils essaye de se protéger dans le présent.
Bon courage Catherine


Catherine T. a dit…

Merci beaucoup à vous tous de vos commentaires chaleureux. Cela m'a beaucoup aidée, car j'étais vraiment perdue en me demandant si j'avais vraiment été à coté de la plaque. Toutes les personnes consultées m'on dit que j'avais fait ce qu'il fallait. Depuis ce blog, la situation s'est grandement améliorée, avec beaucoup de dialogue avec mon ex-mari qui m'apporte du soutien et de la compréhension et avec mon fils avec qui une nouvelle dynamique se met en place (des sorties ensemble le samedi pour flâner). J'ai aussi décidé que j'allais retourner chez la psychologue qui m'avait beaucoup aidée en 2011 et 2012, pour refaire le point sur cette nouvelle situation, voire ce que je peux faire moi-même pour aller mieux et ne pas m'enfoncer dans l'angoisse et la dépression. Merci beaucoup, je vous souhaite à vous tous aussi d'être en bonne santé physique et mentale et de profiter du long weekend de Pâques.
Catherine