dimanche 24 mai 2015

L’annonce aux proches


 

Que c’est difficile d’annoncer à ses proches que la maladie est de retour. C’est tout aussi difficile que l’annoncer la première fois. Pour ma part, le cancer n’a jamais quitté mes pensées puisque la récurrence du cancer de l’ovaire est extrêmement fréquente. En fait, l’annonce du retour des masses de cellules folles m’a moins choquée que l’annonce du diagnostic initial.

Pourtant, mes amies et proches l’ont peut-être sous-estimée, et l’annonce d’une rechute est forcément plus grave. Les amies et collègues proches se mettent à pleurer. La famille est loin, et je n’ai pas assisté à leurs pleurs, ce dont je suis heureuse. Voir les personnes pleurer est très difficile. Tout mon courage me quitte alors et j’ai envie de me mettre à pleurer moi aussi. Leurs pleurs et leur compassion rendent la maladie encore plus présente, encore plus vraie, encore plus grave.

Or pour le moment, je ne veux pas pleurer. Je vais bien, je n’ai aucun symptôme, juste une légère gêne en bas du ventre. Je veux profiter des belles journées de printemps et de ma bonne santé avant que les automnes arrivent ! Je tente par tous les moyens de continuer à vivre les bons moments le mieux possible, et ne pas trop penser à moi-même. Les moments de deuil, la tristesse, et surtout les douleurs vont arriver, je le sais. Mais pas maintenant. Je profite. Je n’ai pas envie de donner à la Dame à la grande Faux la joie de me voir attristée. Quelque chose me pousse à ne pas pleurer. Fuck you, cancer, je continue à bien vivre. Ma colère me pousse à profiter des bons moments en snobant la maladie tant que je peux encore me le permettre.

Pour rendre ce passage moins difficile, j’ai demandé aux proches de se charger de l’annoncer. Mon chef l’annoncera la semaine prochaine en réunion d’équipe – où je ne serai pas présente.

Mon amie et collègue Ans l’annonce aux anciens collègues qui ne font pas directement partie de mon équipe. Elle me racontait hier soir: « Je peux annoncer à deux ou trois personnes par jour, mais je ne peux pas plus, c’est trop dur. Je continuerai la semaine prochaine. »

Oui, l’annonce est un vrai job. Et en bon manager de ma maladie, cette tâche là est une de celle qu’il vaut mieux déléguer si on le peut.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je découvre votre site aujourd'hui. Nous avons appris il y a 3 semaines que ma tante était atteinte d'un cancer des ovaires propagation péritoine et intestin. Elle a commencé sa 1ère chimio ce matin. Nous attendons.
Votre histoire, bien que lue partiellement, m'a touchée. Derrière cette maladie se cache une femme. Et en tant que femme, vous êtes belle, en tant que mère vous êtes magnifique.
Je vous envoie ainsi qu'à ma tantine toutes les ondes positives pour surmonter et vaincre tout ça.
Je viendrai vous lire.
A très bientôt

Nadine