mardi 5 juin 2012

Il pleure dans mon coeur (It is Crying in my Heart)

(English translation below)


Hier rendez-vous de routine chez le gynécologue. Comme souvent, une surprise désagreable m'attend. J'arrive toute joyeuse, en pleine forme. Depuis que je sais que la tache sur le foie n'était qu'une fausse alarme, je vis dans l'euphorie.
" Comment allez-vous? me demande-t-il.
- En pleine forme!" 

Quelques questions de routine sur mes symptomes (surtout les douleurs dans les pieds et le cou). Courte discussion sur les nerfs possiblement endommagés pendant l'opération de debulking en Novembre dernier... Puis il me parle de l'opération qui est prévue dans 4 semaines. Il me dit que l'incision sera assez large pour lui permettre de regarder les autres organes, après l'ablation de la rate qui sera pratiquée par un chirurgien général.

L'assistante du chirurgien général me reçoit ensuite et a le même discours: mon incision sera large, donc je dois m'attendre à 6 jours d'hospitalisation et plusieurs semaines de récupération.

La nouvelle me bouleverse et je me retrouve soudain en pleurs dans le bureau de l'assistante. Je pensais encore naivement que l'incision serait sans doute assez petite et que la récupération serait moins difficile que la derniere fois, mais mes espoirs s'envolent. L'infirmiere, embarassée:

" Vous êtes seule ici?
- Non (je pense aux copines), oui (je pense à un partenaire qui n'existe que dans mes rêves).. enfin non, si, je veux dire: ma famille est en France, mais j'ai beaucoup d'amies ici", j'arrive à lui dire entre deux reniflements.

Oui, je n'apprends pas vite, n'est-ce pas? Une fois de plus, je suis venue seule aux rendez-vous car je pensais que c'était seulement une visite de routine et que tout irait bien. Et je ne peux pas sans cesse déranger mes amies durant leur semaine de travail. Ces visites sont en milieu de journée évidemment et elles sont éprouvantes émotionnellement. C'est dur de toujours avoir à demander à quelqu'un de m'accompagner. Pourtant je sais que mes copines et mon copain médecin m'ont répété des tas de fois qu'ils s'arrangeraient pour venir avec moi si nécessaire, alors pourquoi je me suis fait ça à moi-même?

Venir seule, malgré tout, c'est peut-être pour me rassurer, pour me convaincre que ce n'est pas si grave aujourd'hui, que c'est juste une petite visite pour une petite opération. C'est peut-être un désir fou et irréel enfoui dans mon inconscient qui veut que je continue à contrôler mon destin. Un peu comme un jour de pluie, vous savez, lorsqu'il fait froid et pluvieux, mais que, parce que c'est l'été malgré tout, vous décidez de porter un simple gilet en laine. Est-ce qu'on n'a pas dans ces cas là une pensée magique ancestrale qui nous murmure à l'oreille: Mets seulement ton gilet, il fera beau. Il doit faire beau, je veux qu'il fasse beau et je vais prétendre qu'il fera beau!

La magie n'a pas marché et le souhait ne s'est pas réalisé. "Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville" écrivait Verlaine. C'était plus vrai que jamais, hier. Il faisait froid, humide, gris, triste et déprimant, et je suis revenue en pleurant sur mon vélo, sous un crachin glacial rare pour un mois de Juin, trempée et gelée. Un temps à rester enfermée chez soi , à lêcher ses blessures comme une lionne blessee. 

J'ai passé le reste de l'après-midi à pleurer. Nom de dieu, il y a des jours vraiment difficiles.

Mais je voulais dire merci aux copines qui m'ont appelée hier, à Joe qui passait par hasard et a trouvé les mots justes, et à papa et Evelyne qui se sont vite installés devant la webcam pour me parler. Ca m'a beaucoup aidée.

Aujourd'hui est un autre jour, j'ai eu de la fièvre ce matin et je ne suis pas allée au bureau. Mais je vais mieux.


***

English version


Yesterday was my routine appointment with my gyneco-oncologist. As it often happens, a disagreeable surprise was waiting for me. At first, I was actually feeling great. Ever since I had heard a few days earlier that the spot on my liver was only a false alarm, I have lived in a state of euphoria.

"How are you?
- Super, thanks, feeling great!

He asked me some routine questions about my symptoms (I told him about the stiffness in my feet and the stiffness and pain in my neck that has not gone away for months). This was followed by a short discussion on the nerves possibly damaged during debulking operation last November.

Then he provided me with some information about the operation that has been scheduled to take place in four weeks. He told me that the incision would be large enough to allow him to observe the surrounding organs after removal of the spleen - this first part, the splenectomy, would be performed by another surgeon who specialises in this type of intervention.

The same story was repeated at the office of the surgeon assistant that I entered after leaving the office of my gynecologist. My incision will be large. So I am expected to stay for six days in the hospital, followed by several weeks of recovery (no bike, no lifting, etc... I've heard these recommandations before).

The news suddently overwhelms me. I suddenly find myself crying in assistant's office. I had thought naively that this new surgery would be much less intrusive, with a small incision, and that I would recover faster that the last time. My hopes disapeared. The nurse, whom I have never met before, tells me, very embarrassed:

"Are you alone here?
- No (I think of my girlfriends), yes (I think of a partner who exists only in my dreams)... I mean no, yes, I mean, my family is in France, but I have many very good friends here, " find myself telling her in between my sniffles.

Yes, I do not learn quickly, do I? Once again, I came to an appointment alone, because I thought it was just a routine visit and everything would be okay. And I don't want to bother my friends during the week. These visits take place in the middle of the day and they are emotionally challenging. It's hard to always have to ask someone to accompany me. Yet I know that my friends have told me lots of times they would arrange to come with me if necessary, so why did I do this to myself?

Going to the hospital alone, this is perhaps my own way to reassure me that it is not so bad, and that today is just about a routine visit for a small operation already discussed before. This is perhaps a mad and unrealistic desire buried in my deepest subconscious, that wants me to continue to control my destiny.

Much like on a rainy day, you know, when it's cold and rainy but nevertheless summer, you decide to wear a light cardigan instead of your raincoat. Ignoring the reality, aren't you following a pure ancient magical thinking that whispers to us "Put your cardigan only, it will be warm because it has to be warm because it is summer. If you wish it strongly enough, the sun will shine as it is supposed to, as you want it to be, and eventually it will shine today!"

The magic did not work and the desire was not realized. "It is crying in my heart like it is raining on the city" wrote Verlaine. This was never truer than yesterday. It was cold, wet, gray, a sad and depressing day, and I returned home on my bike, crying, under a chilly drizzle, quite rare in June, soaked and frozen.

This was time to lock up myself at home, licking my wounds like a wounded lioness. I spent the rest of the afternoon crying. Holy cow! Some days are really tough!

But I wanted to say thank you to the friends who called me yesterday, to Joe who passed by chance and found the right words, and Papa and Evelyne who very quickly reached their webcam to talk to me. It helped me a lot. Today is another day. I had a fever this morning and I did not go to the office. But I'm feeling a bit better.

***

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon courage à vous, comme je vous comprends difficiles moments que vous traversez !

je suis moi aussi après 14 ans de tranquilité obligé d'affronter à nouveau les opérations

et les traitements qui suivent .....

Amitiés

Catherine T. a dit…

Merci beaucoup pour vos encouragements! Il y a encore énormément de beaux moments mais ces jours derniers ont été plus difficiles que d'habitude! Les émotions intenses qui vont et viennent, vous devez connaitre ca aussi. Merci pour le partage.

Anonyme a dit…

Bonjour Catherine,
Semaine un peu difficile qui se prépare, demain mardi rendez-vous avec le cancérologue, pour explication du traitement parait-il moins agressif que celui que j'ai eu lors de mon cancers aux seins !(il y a 14 ans) j'espère .... ! vendredi pose du cathéter et semaine suivante mardi je pense lère séance de chimio ... en route pour six tous les 21 jours. Aujourd'hui cela fait un mois que j'ai été opérée et mon ventre est toujours un peu douloureux, vous connaissez Aujourd'hui cela fait un mois que j'ai été opérée et mon ventre est toujours un peu douloureux, mais vous connaissez le problème ! J'ai lu tous vos articles merci pour tout cela et continuons de lutter et garder l'espoir !
Amitiés
Nicole