jeudi 3 mai 2012

Montagnes russes émotionnelles (Emotional Rollercoasters)

(English Version below)

Ce n'était rien! La tache sur mon foie. Les spécialistes ont tranché. Mon cancérologue les a convaincus qu'une tache qui reste sur le foie, isolee, sans bouger, ni grossir, ni diminuer d'un millimètre pendant 10 mois malgré les chimios, ca ne peut pas etre un cancer. Il avait donc raison mon sacré gynéco! 

Ces dernières semaines ont été dures mais je suis heureuse de m'être découverte assez forte. J'ai trouvé de bonnes thérapies pour rester positive malgré beaucoup de moments de tristesse et beaucoup de larmes.

D'abord j'ai appris à accepter mes larmes et les moments où la solitude me fait souffrir. Le cours de méditation m'a vraiment beaucoup aidée à m'accepter avec ma propre souffrance sans sombrer dans la pitié de moi-même ou l'attitude de victime. Je me prends par la main avec douceur, comme je le ferais avec mes meilleures amies. Je respecte ma douleur mais je n'en rajoute pas non plus: je ne me complais pas dans les regrets ou la colère. 

Comme d'habitude, le téléphone a bien servi. 

Cuisiner s'est avéré tout à fait thérapeutique. Je cherche de nouvelles recettes et j'invente. Je déguste. Si la recette est bonne, je la note dans mon classeur encore embryonnaire de menus anticancer.

Je sais aussi qu'il ne faut pas rester trop enfermée et ruminer du noir seule, sinon c'est la spirale descendante. Si je reste à la maison, je médite, ou je lis, je regarde une émission intéressante à la télé, ou je travaille sur mon blog... 

Sinon, je sors! Je bouge ce corps qui a besoin de reconstruire ses muscles et tout le reste. Si je sors me promener, j'ouvre les yeux et je fais l'effort de tout regarder comme si c'était la première fois, plutôt que de rester enfermée dans mes pensées à ne rien regarder que mes pieds. 

Et puis on finit aussi par se connaitre mieux après quelques mois passés à combattre le cancer. Je sais que j'aime parler de mon cancer et que parler aux amis dédramatise les situations. Mais je sais aussi m'arrêter (du moins je l'espère!). Il faut aussi rire et se distraire. 

Je cherche à être utile. Aider les autres pour s'aider soi-même est très important. Le retour au travail, même s'il est pour le moment plutôt symbolique qu'efficace, car je ne passe que quelques heures par semaine au bureau, m'a fait le plus grand bien. Une amie m'a invitée à une mini-conférence organisée par des urbanistes cherchant à améliorer l'accueil aux étrangers dans la ville, et nous avons parlé de mon prochain livre. Je me suis sentie utile, ma vie reprenait son sens et je n'étais plus centrée sur moi même et mes problèmes de santé, j'étais à nouveau une personne ayant sa place dans une communauté. Ca m'a fait énormément de bien! 

Pourtant il y a eu aussi beaucoup de moments d'angoisse et de tristesse. Je pensais à la mort et aux choses que je ne ferai pas. Je pensais à mon fils, mon père, mes proches, et comme ils seraient tristes si je partais. 

Est-ce que penser à la mort peut faire mourir plus tôt? Peut-être, mais pas forcément. Alors que j'étais triste, je continuais de me prendre en main et d'espèrer. Les moments de tristesse alternaient avec les bons moments passés à rire, bouger, apprendre, partager... Etre triste et avoir peur était une réaction tout à fait normale dans cette situation. Dans la mesure où cela alternait avec des moments où la vie reprenait son cours habituel, je ne sombrais pas dans la dépression même si mon humeur n'était généralement pas joyeuse. 

De ces dernières semaines, je ressors plus humble face à cette maladie et à la vie, qui prend des chemins que nous ne maîtrisons pas. Je pense souvent à ce que seraient mes dernières paroles et mes derniers conseils à mon fils. Fais ce que tu peux, et fais de ton mieux. Ni plus, ni moins. 

Je suis heureuse de voir que je ne suis pas en métastase, et je vais certainement m'amuser à le célébrer avec des copines et ma famille qui viendra me rendre visite la semaine prochaine. 

Mais je reste humble. Je tente de faire de mon mieux, mais je ne peux que faire ce que je peux.



***

English version

It was nothing! The spot on my liver, I mean. Experts agree. My oncologist has convinced them that this worrisome spot seen on CT-scans in my liver, which looked isolated, and did not move, nor grow, nor diminish by a millimeter for the last 9 months despite the chemotherapy, can not be cancer. They agreed. My gynecologist was right then! 

These past weeks have been tough but I'm happy to have discovered that I was strong enough though. I found some good ways to stay positive despite many moments of sadness and many tears.

First I learned to accept my tears and that loneliness hurts. The meditation course has really helped me to accept myself with my own suffering without ending into self-pity or developing a the victim stance. I take myself by the hand gently, as I would with my best friends. I respect my pain but I do not add to it either by adding anger or regrets.

As usual, the phone was warm after a few hours discussions with my best friends.

Cooking also proved very therapeutic. I've looked for new recipes and I've invented some. I tasted some delicious things. If the recipe was good, I noted it in my new embryonic workbook that I intend to fill in with delicious anticancer menus.

I also know that I should not stay too much indoors and brooding, otherwise it is the downward spiral. If I stay at home, I meditate, I read, I watch an interesting program on TV, or I work on my blog ...

Otherwise, I go out! My body needs to rebuild its muscles and everything else. If I go out walking, I open my eyes and I make the effort to look at everything as if it was the first time, instead of staying locked in my thoughts with nothing to look at but my feet.

Ultimately you get to know yourself better after months fighting cancer. I know I like talking about my cancer and that talking to friends defuses situations. But I also know when to stop (at least I hope I know). I need to laugh and have fun as well! 

I try to be helpful. Helping others is very important to help yourself. Returning at the office, although it is currently more symbolic than really efficient, because I spend just a few hours a week there, made me feel great. A friend invited me to a mini-conference held by city planners seeking to improve the arrival of foreigners in the city of Rotterdam, and we talked about my future book. I felt good. My life felt very meaningful again. I was not so focused on myself and my health problems anymore. It made me feel really good to help others and participate into some projects to improve other's lives.

Yet there were also many moments of anxiety and sadness. I thought about death and things that I will not be able to do. I thought about my son, my father, my relatives, and how they will suffer if I leave.

Does thinking about death make one die sooner? I would not be honest if I didn't say that I was a bit worried about it. But while I was sad, also I kept hoping. The moments of sadness alternated with the good times, all the opportunities to laugh, move, learn, share ... were still there. Being sad and fearful was quite a normal reaction in my situation as I could not know if I was entering a terminal stage of the disease or if the "spot" was nothing to worry about. These moments however alternated with times where life had returned to its usual course. I did not sank into depression even if my mood was generally not ecstatic.

Today when I look back, I feel even more humble than before: this disease and life in general just take many paths that we can not control. I often thought about what would be the last and the most important message to my son. 

"Do what you can, and do your best." Nothing more, nothing less.

I'm glad I'm not in metastasis, and I will definitely have fun to celebrate with friends and family who come to visit me next week.

But I remain humble. I try to do my best, but I can only do what I can.

***

6 commentaires:

Siobhan a dit…

Roller coaster indeed! So glad you can catch your breath finally!

Anonyme a dit…

Soulagee pour toi que la tache s est revelee sans consequences. Big hug, Lucie

Catherine T. a dit…

J'étais tellement occupée a ecrire sur cette possible metastase dans le foie que j'ai oublie de mentionner que le probleme reste entier pour ce qui est de l'autre tache detectee dans ma rate. Pour cela, ce sera peut-etre une intervention suivie d'une serie de chimios, mais on en est pas encore la. Ca ne me fait pas trop peur a vrai dire.
Pour l'instant tout le monde part en vacances alors on rediscutera de ce probleme dans deux semaines! Tant mieux, un peu d'air!

Siobhan, il faut que je te le traduise? ;-)
I said: I was so busy writing about this possible metastasis in the liver that I forgot to mention that the problem remains unsolved with respect to the other spot detected in my spleen. It will perhaps (most certainly) lead to an intervention followed by a series of chemos, but we are not there yet. It does not make me too afraid to tell the truth.
But right now, everyone goes on vacation so we will discuss this again in two weeks! All the better, I need some space!

Anonyme a dit…

Bonjour Catherine
Je suis très contente pour vous au sujet de la tache sur le foie. C'est un grand soulagement. Je viens aussi de lire pour la rate, c'est encore un souci mais la rate n'est pas le même type d'organe, moins vital surtout mais c'est à surveiller! Dites moi comment vos spécialistes envisagent la suite, surtout sous avastin. Pour moi' après l'opération des ovaires, trompes, utérus, ganglions et épiploon, je n'ai pu commencer l'avastin que 4 semaines après et surtout aux vues des cicatrices internes et externes donc je pense qu'il en est de même pour vous mais dans le sens inverse.
Voilà, je vous souhaite beaucoup de courage et attends de vous lire avec plaisir car vous présentez bien les choses, j'ai bien aimé aussi l'article sur les stat médianes, on espère surtout tous les faire mentir et exploser.
Vous me précédez de six mois, hier, j'ai fini ma dernière chimio au taxol et carbo post opératoire, maintenant il me reste avastin toutes les 3 semaines. Hier j'ai apporté une grande boite de biscuits suisses pour l'équipe soignante pour fêter ma pseudo quille mais ici en Suisse il ne semble pas que l'on partage avec les malades présents, il faut dire que certains sont bien atteints avec des sondes gastriques alors les biscuits au chocolat...je ne suis pas sure du résultat.
Je suis contente du résultat pour vous et toujours contente de vous lire. J'attends la recette de la paella au curcuma. Mais pourquoi curcuma et pas safran?
Bien à vous,
Annick

Catherine T. a dit…

Bonjour Annick,

je vais préparer un article sur la nutrition mais très vite en passant pour répondre à votre question sur le curcuma:
http://www.richardbeliveau.org/images/chroniques/R2006-01-16-JAN-032--CompressedSecured.pdf
C'est un vieil article mais la recherche n'a fait que confirmer les propriétés exceptionelles de cette épice. Elle est effectivement facile à ajouter aux vinaigrettes, pâtes et riz qu'elle colore en jaune! Il faut essayer d'en ajouter un peu à chaque repas.
Pour la paella, je mets le safran mais je rajoute aussi du curcuma dont le gout n'est pas très fort et ne couvre pas entièrement celui du safran.

Pour l'avastin: il y a parfois des réactions importantes chez certaines personnes mais pour ma part, aucun effet à part de légers bleus sur la peau ici et là qui disparaissent assez vite d'ailleurs. Pas grand chose d'autre. De l'acné est apparu sur mon visage au début, mais pas certaine que ce soit du a l'avastine (allergie?); une creme antibiotique a permi de l'arreter assez vite.


Toujours beaucoup de douleurs musculaires des que je fais trop d'activités physiques, mais c'est certainement encore du aux effets secondaires tardifs de la chimio.

Je fais quand meme de grandes marches de 2 ou 3 heures; j'ai pu aussi refaire pas mal de vélo, deux fois 30 min par jour ne me font plus peur (mais pas quotidiennement car je mets deux jours à récupérer).

Donc vous pourrez profiter d'un bel été avec de belles ballades!

J'aurai du travail et de la visite cette semaine mais j'écrirai ma recette de paella et un petit truc sur la nutrition d'ici deux semaines ;-)

Grosses bises!
Catherine

Springfield Porch Enclosures a dit…

Hi great reading yoour blog