dimanche 1 avril 2012

Se battre! (Fight!)

[English version below]



Maarten van der Weijden est devenu champion olympique sur le 10 km en nage libre en 2008 malgré un diagnostique de cancer lorsqu'il avait 20 ans. J'ai lu son autobiographie, "Beter", avant de partir en vacances. Comme Lance Armstrong, il était déjà un athlète de haut niveau lorsque la maladie l'a frappé. A 20 ans, ses médecins ont diagnostiqué une leucémie aiguë lymphoblastique. Ses chances de survie étaient limitées. Son livre raconte son enfance, ses combats pour gagner ses médailles (nombreuses!), vaincre le cancer, et sa préparation pour les jeux olympiques.

Mais contrairement à Lance Armstrong, dont il évoque le livre, il a une toute autre approche de la maladie. Il se décrit durant la maladie comme étant extrêmement faible; il était incapable de forcer son corps à essayer de continuer à faire un peu de sport, ne serait-ce qu'un peu de marche ou de vélo d'appartement. Il a vu plusieurs de ses compagnons d'hôpital décéder et en parle avec beaucoup d'émotion.

Il a une interprétation très différentes des choses qui sauvent. Selon lui, ce sont les traitements médicaux qui sauvent et rien d'autre. La volonté et les efforts ne changent rien (Lance Armstrong ne dit pas explicitement que la volonté et les efforts sauvent, mais son approche dans son autobiographie le suggère fortement.)

En lisant ces réflexions de Maarten, je me suis demandée où est la vérité. Y a-t-il un combat contre le cancer lorsqu'on est un patient ou n'y a-t-il pas mieux à faire qu'à subit passivement nos traitements?

J'aimerais que Marteen, le nageur olympique, ait tort! J'aimerais pouvoir moi aussi faire quelque chose pour aider mon corps à se soigner et ne pas être dans la position passive où seuls les médecins peuvent me sauver. Le sentiment d'être une victime est très nuisible sur un plan psychologique et peut conduire droit au désespoir et à la dépression: il est utile de se sentir acteur dans son traitement. Mais il ne s'agit pas de se mentir non plus.

Parfois, les psychologues ou les thérapeutes (et en particulier le livre de Kabat-Zinn qui a inspiré le cours de méditation auquel je me suis rendue pendant depuis plusieurs semaines) suggèrent que, peut-être, la relaxation et se sentir mieux aident le système immunitaire à être fort.

C'est vrai mais cela ne veut pas dire que cela va forcément aider à éloigner le cancer et éviter les rechutes.

D'abord, il faut distinguer la prévention et le traitement. Une fois que le cancer attaque notre organisme, notre système immunitaire est totalement dépassé. Rien ne dit que les (relativement) faibles changements que permettrait la pratique du sport, le soutien psychologique (méditation, amis, ou le rire comme je l'écrivais avant), ou une bonne nutrition, vont renforcer le système immunitaire au point d'éviter la rechute. S'il y a un effet positif d'une bonne hygiène de vie ou de certains facteurs physiques ou psychologiques, détecté dans certaines études, il ne peut être que faible. Beaucoup d'études ne montrent aucun résultat.

Pourtant cela ne veut pas dire qu'il faut commencer à faire n'importe quoi et à perdre espoir! Les bonnes habitudes de santé permettent de mieux récupérer après les traitements. Une bonne santé permet une meilleure qualité de vie évidemment. Il faut aussi diminuer les risques de développer un autre cancer! C'est injuste mais quand on a eu un cancer on est beaucoup plus à risque d'en développer un deuxième donc les consignes de prévention contre d'autres cancers doivent continuer à être appliquées (arrêter de fumer, manger peu de graisses saturées...).

Mais honnêtement, il ne faut pas se mentir: les effets d'un changement de nutrition ou d'une réduction du stress seront faibles.

Pourtant je fais beaucoup plus attention à ce que je mange, je sors régulièrement pour faire un peu d'activité physique, et j'ai commencé à faire un peu de méditation et de yoga chaque jour. Dans la vie quotidienne, il faut faire ses choix, et dans le doute, je choisis d'essayer de maximiser mes chances. Cela n'altère ma qualité de vie, au contraire!    

Ma position est celle que j'ai découverte sur le site internet Steve Dunn, le médecin et chercheur qui a fait beaucoup de recherche sur le sujet. Lui-même a été atteint par le cancer et y a survécu pendant très longtemps. Il était passionné par le sujet. Son site internet est de très bonne qualité et une référence pour les patients anglophones (voir ma page references).

Steve Dunn commente la littérature scientifique et observe qu'il n'y a pas de preuves que l'attitude ou la personnalité influencent le pronostique du cancer. Il n'y a pas d'avantage à être optimiste plutôt que pessimiste. Alors qu'on pourrait avoir l'impression qu'être optimiste et positif est l'attitude à avoir pour vaincre le cancer, ce n'est pas le cas. En revanche, ce qui est sans doute important c'est d'être actif, et non passif. On peut être actif et pessimiste, ou actif et optimiste!

Etre actif, c'est d'abord chercher des informations, demander une autre opinion lorsque des choix thérapeutiques doivent être effectués, et choisir son hôpital et son oncologue soigneusement.

Ensuite on peut y ajouter les méthodes naturelles que préconisent par exemple David Servan-Schreiber dans son excellent livre "anti-cancer" (voir ma page de références). Je suis moins optimiste que lui, mais encore une fois, que l'on soit optimiste ou pessimiste importe peu: si on le peut, autant agir.
David Servan-Schreiber donne des explications et conseils précis sur les changements de vie qui peuvent aider notre système immunitaire à se renforcer. Il défend l'idée que même si les études ne montrent pas beaucoup d'effets de chaque aliment pris séparément, il est possible qu'en accumulant tous les bienfaits de plusieurs choses (du sport, une bonne alimentation, une réduction des toxiques, une réduction du stress), les effets se multiplient entre eux. Ce qui permet de gagner plusieurs années de vie dans certains cas.  

C'est un sujet de controverse scientifique, mais dans la mesure où cela ne va pas altérer la qualité de soins médicaux et que tous les conseils sont généralement bons pour la santé, ce serait dommage de ne pas essayer.

Donc peut-on voir le cancer comme une lutte? Je le vois ainsi. Pendant que les médecins et chercheurs cherchent à trouver les meilleurs moyens de tuer les cellules cancéreuses, le patient doit se battre, même si ce mot parait un peu décalé car il s'agit de méthodes douces, mais se battre quand même pour que le reste du corps qui n'est pas affecté par la maladie reste le plus en forme possible.


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English version. Fight against cancer!


Maarten van der Weijden became Olympic champion in the 10 km freestyle in 2008 despite a diagnosis of cancer when he was 20. I read his autobiography, "Beter", before going on vacation.
Like Lance Armstrong, he was already an elite athlete when illness struck. At 20, his doctors diagnosed acute lymphoblastic leukemia. His chances of survival were very limited. His book recounts his childhood, his struggles to win his medals (numerous!), to beat cancer, and his preparation for the Olympic Games.

But unlike Lance Armstrong, he has a completely different approach of the disease. He describes his condition during illness as extremely weak and unable to force his body to try to keep doing some sport, not even a little walk or some home bike. He lost several of his hospital companions, and describes his friendships and the loss with emotion.

His position is that the medical treatments can cure and save, and nothing else will. The will and efforts do not change anything for the cancer patient. It's a very different point of view form Lance Armstrong's one. Lance does not say explicitly that the will and effort can save the patient, but his approach in his autobiography strongly suggests they do.

Reading his reflections, I wondered where is the truth. Is there a battle against cancer for the patient or do we have to passively endure treatments and wait?

I hope Marteen, the Olympic swimmer, is wrong! I wish I could do something to help my body heal and not be in the passive position where only doctors can save me. The feeling of being a victim is very harmful to a psychological balance and can lead to helplessness and depression: we need to feel we are actors during our treatment. But without lying to ourselves of course.

Sometimes, psychologists and therapists (and especially the Kabat-Zinn's book that inspired the meditation course I've been to for several weeks) suggest that, perhaps, relaxation help the immune system be strong. This is true but that does not necessarily mean that it will help ward off cancer and prevent relapses.

First, we must distinguish between prevention and treatment. Once the cancer attacks our body, our immune system is totally overwhelmed. Nobody can say that the (relatively) small changes that would allow the sport, the psychological approach (meditation, friends, or laughing as I wrote before), or good nutrition, will strengthen the immune system to the point that it will avoid a relapse. If there is a positive effect of a healthy lifestyle or some physical or psychological factors, detected in some studies, it can only be relatively low. Many studies showed zero result.

Yet this does not mean that we must begin to do stupid things and give up hope! Good health habits help recover better after the treatments. Good health enables a better quality of life of course. It also means less risk of developing another cancer! It's unfair but when you got cancer you are at much greater risk of developing a second - therefore rules for prevention against other cancers should continue to be applied (stop smoking, eat less saturated fat .. .).

Although I think that the effects of a change in lifestyle will be low, I am now careful with what I eat, I go out regularly to get some physical activity, and I've started to do practise meditation and yoga every day. In everyday life, we must make choices, and when in doubt, I choose to try to maximize my chances. This does not affect my quality of life, on the contrary!

My position is one I found on the website Steve Dunn, a physician and researcher who has done much research on the subject. He was hit by cancer and survived for a long time. He was passionate about it. His website is really excellent and a reference for English-speaking patients (see my page references).

Steve Dunn says the scientific literature and observes that there is no evidence that the attitude or personality influence the prognosis of cancer. There is no advantage to be optimistic rather than pessimistic. While one might get the impression that being optimistic and having a positive attitude helps to beat cancer, it is not the case. However, what is important is probably to be active, not passive. Can be active and pessimistic or optimistic and active!

Being active is to first seek information, ask for another opinion when therapeutic choices must be made, and choose a hospital and an oncologist carefully.

Then you can add natural methods, for example the methods recommended by David Servan-Schreiber in his excellent book "Anti-cancer" (see references page). I am less optimistic than he is, but again, whether one is optimistic or pessimistic doesn't matter: if you can, do as much as you can. David Servan-Schreiber provides explanations and specific advice on lifestyle changes that can help our immune system to strengthen. He argues that although the studies do not show much effect of each food separately, it is possible that accumulating all the benefits of many things (sports, good nutrition, a reduction of toxic, a stress reduction), the effects get added and multiply. This could add several years of life in certain cases.

This is a subject of scientific controversy, but since this will not affect the quality of medical care and that all his advice are good for general health, it would be a shame not to try.

So can we see cancer as a fight? I think so. While doctors and researchers seek to find the best ways to kill cancer cells, the patient must fight (even though that word seems a little odd because the methods are very soft) so that the rest of the body that is not affected by the disease remains as strong as possible.

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