jeudi 15 novembre 2018

Quand la pleine conscience devient difficile : deux livres pour des conseils et des idées de pratique


Avec la progression du cancer, pratiquer la pleine conscience devient de plus en plus difficile. 

Depuis mon retour à l’hospice, la méditation de pleine conscience  assise, sur le souffle, comme je l’ai fait habituellement depuis quelques années, me fait peur : je ressens la gêne dans mon ventre plus fortement lorsque je m’assois pour méditer que lorsque je suis distraite par une activité. Ce moment de méditation me fait penser au cancer, la lourdeur de mon ventre est forte, je visualise le cancer envahissant mon ventre..... brrrr !!! ces sensations et la perspective de m'asseoir pour méditer et y être confrontée m’angoisse beaucoup et fait barrière à ma pratique.

Pourtant je sais par expérience que les bénéfices l’emportent sur les efforts à faire, même quelques minutes par jour, mais c’est comme aller courir un footing, le plus dur c’est d’enfiler ses baskets...

Pour me remotiver et pour varier un peu ma pratique, trouver des types de méditation peut-être plus faciles, j’ai acheté deux livres du moine bouddhiste Matthieu Ricard qui est assez médiatisé en France et dont j’avais aimé les commentaires dans le livre «  Trois amis en quête de sagesse ».

Je résume ici les principaux conseils que j’ai tiré de leur lecture, pour celles et ceux qui comme moi peuvent trouver la pratique de la pleine conscience de plus en plus difficile à mesure que la maladie progresse, tandis que les douleurs, les angoisses, les émotions difficiles et la fatigue augmentent. Plusieurs idées m'ont aidée et remotivée... 

Matthieu Ricard a écrit plusieurs livres d’introduction aux techniques de méditation qu’il dit séculaires. Il s’agit de pratiques basées sur le bouddhisme mais qui peuvent être pratiquées en dehors des croyances religieuses bouddhistes dans un objectif de bien-être et de développement de soi.

Son livre « Playdoyer pour le bonheur » explore les bases philosophiques et scientifiques du bonheur, et présente également le point de vue bouddhiste. Il présente le bonheur comme le résultat d’une bonne santé mentale, basée sur une pratique régulière de techniques qui permettent de cultiver le bien-être, en développant une meilleure prise de conscience de ses états mentaux, en cultivant les émotions dites positives, en diminuant l’impact destructif de certaines émotions. Le bonheur dépend d’une attitude intérieure qui peut être apprise et développée au fil des années. Le bonheur est aussi dirigé vers les autres et est associé à l’amour et la compassion pour les autres.

J’ai aimé le fait que le livre est facile à lire, bien structuré, et qu’il contienne des conseils pratiques en fin de chapitre.

Il est un peu biaisé scientifiquement, ne présentant que des arguments en faveur de la méditation et surtout chez des experts qui méditent depuis des années. Cependant, je ne cherchais pas à lire un livre scientifique pur et dur, puisque je cherchais évidemment un livre m’aidant à mieux appréhender la méditation ! Donc je n’ai pas été déçue. J’y ai trouvé des exemples inspirants et j’ai refermé le livre avec un sentiment d’optimisme et quelques nouvelles idées de pratique.

Pour les personnes en souffrance physique, Matthieu Ricard recommande la pratique de la visualisation. Ainsi, durant la méditation, on peut imaginer un moyen d’adoucir sa douleur, en imaginant un nectar bienfaisant qui vient, avec notre inspiration, emplir le centre de la douleur et vient la dissoudre pour la remplacer par du bien-être.

J’ai tenté cette visualisation et il est vrai que cette suggestion aide à diminuer la perception de l'inconfort et la douleur dans la zone du ventre qui me perturbe habituellement.

Un autre de mes problèmes récents tient à une grande colère et irritabilité que j’ai développée depuis mon arrivée à l’hospice. Le chapitre dix présente un ensemble de trois techniques pour aider à combattre ce type d’émotion perturbante : l’antidote, la libération (apprendre à laisser passer l’émotion quand elle arrive) et l’utilisation de l’émotion (comprendre et utiliser les aspects positifs de cette émotion).

L’idée de l’antidote m’a immédiatement attirée. Pour lutter contre une émotion désagréable, l’idée de l’antidote est de choisir un thème de méditation qui va développer une émotion positive et opposée en quelque sorte. Il s’agit de « saturer » l’esprit avec cette émotion positive. Ainsi, contre la colère, l’agressivité, l’animosité, il s’agit de développer l’altruisme, la compassion, l’amour grâce à la méditation sur ces thèmes. Contre la colère, on cultivera la patience.  

« L’art de la méditation » est un livre plus bref et un guide pratique qui correspond tout à fait à ce qui je cherchais. Il s’agit d’un recueil de conseils pratiques sur les bonnes manières de méditer, allant de la manière de s’asseoir à la manière de sortir de la méditation en douceur pour réintégrer les activités quotidiennes.

L’approche est progressive et décrite de manière suffisamment détaillée pour les débutants. Les exercices de méditation comprennent plusieurs variantes ce qui est rassurant et permet de choisir la technique que l’on pense plus agréable ou plus accessible pour soi-même. Les exercices de visualisation proposés contre la douleur sont identiques dans les deux livres, mais d'autres exercices y sont plus détaillés.

Dans les deux livres, j’ai regretté de ne pas trouver beaucoup d’information sur la préparation à la mort, ou sur l’angoisse de la mort et sur le deuil de soi, de sa vie. Le chapitre sur la mort du livre Playdoyer pour le bonheur parle des personnes qui doivent aider la personne souffrante et discute de la préparation à la mort chez tout un chacun et tout au long de sa vie. Il ne parle pas particulièrement des personnes en fin de vie et touchées par des maladies fatales, partant du principe que nous devons tous nous préparer à la fin de notre vie chaque jour. C’est dommage.

(Il va décidément falloir que je m’attaque au pavé du « Livre tibétain de la vie et de la mort » de Sogyal Rinpoché que j’avais commencé et dont j’avais abandonné la lecture après quelques histoires de réincarnation auxquelles je ne croyais pas… mais je suis curieuse de savoir si le livre contient des conseils pratiques de méditation aidant à mieux vivre les angoisses liées à la fin de vie… si j’ai le courage d’y remettre le nez, je partagerai mes découvertes ici)

Enfin, Matthieu Ricard conclue toujours que la méditation est un moment agréable. Pour moi, cela ne va pas toujours de soi. Je suis peut-être trop sérieuse, j’ai trop d’attentes, ou je suis trop critique avec moi-même… Il est vrai que si la méditation devient une contrainte et ne donne pas de satisfaction immédiate, il est peu probable que je me mette tous les jours à développer de nouvelles routines de pleine conscience !

Il faut être doux avec soi-même durant la méditation, avoir de l’humour et se regarder avec compassion et bienveillance aussi, et profiter des moments de joie qui émergent durant les visualisations par exemple (et pour en profiter… il faut les créer !). Ce n’est pas que du sérieux et de la concentration et de l’effort, c’est aussi l’opportunité de s’amuser un peu avec son imagination… Et je l’avais un peu perdu de vue.

***



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Catherine,
Le livre " la pleine conscience, votre allié contre le cancer" traduit de l anglais par Catherine Verhaegue , pourra peut être t aider ds ta pratique même s il ne répond pas à tout. Je l ai lu il y a qq temps et j avais aimé qq pistes. Tu connais probablement " au coeur de la tourmente" de J. Kabat Zinn , je ne sais plus le nom en V.O. Bonne ou moins bonne méditation.
Martine

Catherine T. a dit…

Bonjour Martine,

merci pour l'idée de ce livre, je viens de regarder. C'est basé sur la pratique MSBR de Kabat-Zinn et je pense que cela reprend les techniques que j'ai apprises puisque j'ai eu cette formation de 8 semaines avec d'autres personnes qui avaient le cancer. Je vais quand même commander le livre par curiosité...

Au coeur de la tourmente, je crois que c'est le premier livre sur le sujet que j ai lu, c'est THE livre qui a démarré la technique de méditation MBSR ej crois (je ne sais jamais retrouver de mémoire cette abréviation, mais c'est toujours à cette technique que je me réfère en fait, je devrais employer cette abréviation plus souvent quand j'écris mes articles...).

Je pensais aussi pour les techniques de visualisation, elles sont dans d'autres techniques de relaxation aussi. La sophrologie que j'avais essayé il y a 20 ans avec une amie qui la pratiquait de manière professionnelle et nous avait invitées à la decouvrir, avec des amies. J'avais beaucoup aimé (visualiser de beaux décors, être dans du sable chaud ou dans un beau jardin... visualiser un personnage qui arrive, une discussion sur un thème si je me souviens bien??? je ne sais plus trop mais c'était agréable...).
Dans le yoga, en fin de session, ma prof nous demandais aussi de visualiser parfois. S'enfoncer dans le sable chaud en écoutant la mer, c'est ma visualisation préférée :-)))

Puis l'auto-hypnose que je n'ai jamais essayé mais qui doit bien marcher contre les douleurs d'après les résumés scientifiques que j'ai lus sur le sujet. C'est un peu de visualisation et d'auto-suggestion légères, sur la base de relaxation également. Je dis ça mais je ne vais pas tout essayer donc je ne ferai pas l'auto-hypnose mais j'ai une amie qui en fait régulièrement pour gérer son stress et dit que cela lui réussit bien, quelques minutes par jour en soirée.

Amitiés,
Catherine

Anonyme a dit…

Dear Catherine,

I am Brig Graf, working with you at Unilever until they fired me in 2010... can you remember me? With Siobhan we were on this business trip to Paris, with a train from Rotterdam to Paris, can you remember it was summer and wonderful? I would like to e-mail you but don't have your e-mail address? Mine is b.graf@mmu.ac.uk - or else, could I call you? Then we could have a chat? I just want to say hello and maybe tell you what I have been doing since I left Rotterdam? Living now with a Malaysian cat and am in Manchester (UK) and am teaching Biochemistry.
Lots of greetings,
I am so sorry that you have to suffer through this terrible disease and I hope you will see the Christmas tree on Christmas day. Brig

Catherine T. a dit…

Hi Brig, of course I remember you and our trip to Paris and your cat stories and more! From time to time, I've asked Siobhan and Ursula if they had news from you... With time and distance, I am sorry we have lost contact. I'm really glad to read you !
I'll email you :-))
Catherine