Quelques nouvelles. Je n’ai pas trop le moral,
et je me force à être un peu active, à trouver un rythme, à voir un peu de
monde.
Souvent, ça va. Et puis il y a des jours, comme aujourd’hui, quand je suis
seule et que le vent souffle dehors, où je ne veux plus bouger. J’aime bien écouter
le vent qui gémit ainsi. Je suis allongée sur la banquette et je n’ai plus
envie de rien. Juste d’écouter le vent dans les arbres qui murmurent. Est-ce
que ce n’est pas la chose la plus importante au monde, d’écouter les
bruissements des feuilles d’arbres, chants légers qui chatouillent mes
oreilles, chuchotements discrets de branches et des épines de sapin qui
combattent l’hiver ? Est-ce un message ? Les arbres nous parlent-ils
et chantent-ils pour nous prier de les aimer ?... Je laisse mes idées
vagabonder.
Parfois, ça ne va pas fort. Je suis maussade,
angoissée, et je n’ai plus envie de voir personne.
J’ai trouvé quelques trucs sympas à faire, qui
me font sentir utile encore. J’écris quelques petits morceaux d’articles sur
Wikipédia le matin. Parfois, je m’essaie à la fiction (des tous petits
morceaux de nouvelles, rien de bien ambitieux). Je suis inscrite à une fitness
depuis deux semaines. Je reprends des exercices de cardio, tout doucement, pour
me remuscler (surtout le cœur, qui bat à toute vitesse au moindre effort). Je travaille
trois minutes – puis je souffle. Cinq minutes - je souffle. Sept minute - je
souffle. Et je rentre à la maison.
Parfois je fais l’effort et je me dis que j’ai
envie de bien vivre, d’être en forme physiquement et de profiter encore de la
vie. Et puis parfois au contraire, je me dis « à quoi bon ? ». J’ai
envie de rester une semaine sous ma couette et manger du chocolat. Qu’est-ce
qui m’en empêche ? Peut-être que je devrais le faire.
Parfois je pleure. Ça fait du bien. Je laisse
passer la vague de tristesse. Elle est comme les gros nuages noirs qui
alternent avec les belles éclaircies bleues. Alternance. C’est normal. Je
laisse toutes ces émotions surgirent. Je sais qu’elles ne font que passer, et
je sais que la tristesse n’est pas mon ennemie. Elle est ma nouvelle compagne.
Et puis le moral remonte, et je me reprends en
main, je m’active.
Mon état est stable pour le moment. L’oncologue
est super content : on ne peut pas mieux demander, rien de bouge, les
marqueurs CA125 sont bas… Je vis. Je n’attends pas. Je n’ose pas espérer. Je
vis vraiment dans le présent, presque au jour le jour. Je pense aux vacances, et
j’aimerais planifier, mais je n’ose rien réserver, de peur de devoir annuler.
Je prendrai une décision de dernière minute, selon toutes les conditions du
moment – ma condition physique, la météo en Europe…
Voilà, de mes nouvelles. Un peu triste, un peu
ralentie, mais il suffit que mon fils arrive ou qu’une amie sonne à la porte,
que ma famille m’appelle, et je retrouve le sourire. Je ris encore, je chante
encore sur les tubes à la radio. Mais quand je suis seule, je me pose, je vais
doucement, je suis triste, mais, si je dois chercher quelque chose de positif
dans tout cela, c’est ma recherche d’authentique. Rien ne sert de se mentir, de
se forcer. Aller doucement, s’écouter, même si c’est pour écouter sa tristesse.
3 commentaires:
Content d'avoir de vos nouvelles. ET de voir que le taux de CA125 est bas.
A bientôt.
Bonjour,
Tombée par hasard sur votre blog en faisant des recherches, je viens de passer le week-end à le lire dans son intégralité. Je tiens à vous remercier pour ce témoignage, ces conseils, ce partage d'une grande valeur. Et tellement honnête aussi. Merci pour votre compagnie, également : à vous lire on se sent tellement moins seule... toutes les questions, les réflexions, les états d'esprit que vous évoquez, je les traverse à l'identique ... Et je partage complètement votre philosophie de la vie, rationnelle et positive...
J'espère que vous tenez bon, moralement, physiquement... Je vous souhaite du répit, du meilleur, des beaux jours.
J'espère avoir le plaisir de vous lire bientôt. Prenez grand soin de vous.
(Laurence, maman de 2 filles, 15 et 8 ans)
Bonjour Laurence,
merci énormément pour avoir pris le temps de m'écrire. Je suis désolée de lire que vous passez par les mêmes moments difficiles, la même maladie sans doute. Vous avez aussi deux enfants ce qui rend la maladie encore plus difficile. J'espère que vous n'êtes pas trop seule justement. Je vous souhaite beaucoup de bonheur ! Profitez bien du printemps !
Catherine
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