Me voici à mi-parcours : Deux ans et
demie depuis mon diagnostique. J’ai l’impression que cela fait beaucoup plus
longtemps ! Quels changements depuis l’été 2011 ! Mes derniers bilans
ne signalent aucun présence des cellules cancéreuses, je commence à respirer.
Je commence à faire des plans, de petits plans, sur le futur : je me lance
dans la préparation d’un nouveau livre qui me demande beaucoup de lecture
préalable. Je lis, je souligne, je prends des notes, je découvre, je critique,
je réfléchis, j’en discute autour de moi... Je m’amuse !
Je commence à oser imaginer que je ferai peut-être partie du groupe restreint des
rares survivantes dans deux ans et demie ? Pas si vite. Le scénario d’un retour
du cancer est toujours présent. Ces deux scénarios opposés se sont affrontés dans
mon esprit pendant longtemps. Ils coexistent désormais pacifiquement. Il aura
fallu que j’apprenne à me relaxer en vivant beaucoup plus dans le présent.
Le retour au travail s’est fait très
progressivement. La fatigue est toujours là. Le plus difficile est de faire
plusieurs tâches à la fois et de passer d’un projet à un autre. Je dois tenter
de travailler en étant beaucoup plus focalisée qu’autrefois, en choisisant plus
soigneusement les activités prioritaires et en éliminant les activités
secondaires, bouffeuses de temps et d’énergie. J’ai repris le travail début
2013 et je ne suis travaille pas encore autant qu’avant ma maladie (je
travaillais à 80%). Je pense que j’y serai dans encore deux ou trois mois. Je
vais au travail 4 jours par semaine, mais je travaille seulement 6 heures au
lieu de 8 pour le moment. Je suis impatiente de retravailler 8 heures car mon
salaire en a pris un coup. Je suis a mi-temps thérapeutique, donc je ne reçois
ni bonus, ni treizième mois (dit « argent des vacances »). Il est
temps que l’argent rentre. Je ne me plains pas, je suis bien heureuse d’avoir
pu garder mon emploi !!!
Je suis toujours célibataire, mais je suis
sortie pendant quelques mois avec un homme charmant, ce qui m’a permis de
redécouvrir la vie amoureuse, qui ne s’arrête par forcément après les terribles
ravages que les traitements et chirurgies ont faits à mon corps et mon esprit.
Cela m’a totalement rassurée. Nous nous sommes séparés, mais pas à cause de la
maladie !
Je suis heureuse dans mon célibat pour le
moment, et contente de continuer à reconstruire ma forme physique. Je viens de
m’inscrire dans un club de sport à coté de chez moi avec l’objectif modeste d’y
aller une fois par semaine, pour faire un peu de « cardio » et lever
quelques poids. Pfff, mes bras ne peuvent plus rien soulever… mais les muscles
vont vite se reconstruire.
Voili-voilou. Que des bonnes nouvelles. Pourvu
que ça dure !!!