mercredi 28 août 2013

Deux ans après (Two Years Later)


Les vacances d’été se terminent. Nous sommes deux ans plus tard. Deux ans après mon diagnostique. Je vais bien.

Je pense encore souvent au cancer. D’ailleurs je n’ai pas encore totalement retrouvé le rythme de vie d’avant. Je me sens de temps à autre affaiblie et triste. Je travaille toujours à mi-temps thérapeutique ce qui me donne du temps (trop de temps ?) pour repenser au passé.

Je me sens plus vulnérable, plus émotive, plus humaine finalement, plus proche des autres - les autres ce sont les vivants, mais les morts aussi. J'ai beaucoup d'affection pour les personnes mortes. Elles me sourient: "Surtout, prends ton temps, rien ne presse."

La grande barrière entre la vie et la mort est tombée. Les jours me semblent comptés. Ce n’est pas forcément morbide. Etre vivante me semble parfois relever du miracle et je profite de ma chance.

Mais je n’ai pas la même énergie qu’avant, ni physiquement, ni cognitivement. Je suis plus facilement distraite, je mémorise beaucoup plus difficilement et je perds ma concentration si je travaille dans le bruit. Je me suis donnée des objectifs sportifs vite abandonnés car je ne pouvais pas augmenter mes kilomètres en vélo sans me sentir épuisée pendant des jours. Suis-je devenue une personne du troisième âge dans un corps de quarante ans ?

Il faut continuer à faire des efforts, car deux ans après, la lutte n’est toujours pas finie.

Il faut se pousser, se forcer, se donner des coups de pieds aux fesses.  

Etre courageuse.

Il faut aussi s’accepter, pratiquer les exercices de pleine conscience régulièrement, être plus patiente, continuer à simplifier.

S’aimer.

Le courage et le respect de soi. Le faire, l'être. Trouver un point d'équilibre entre les deux. Occident et orient. Points de départ et d'arrivée, pour faire renaitre, d'une nouvelle manière peut-être, les joies de créer et d'aimer.

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English translation: Two Years Later
 
The summer holidays are almost over. We are two years later. Two years after my diagnosis. I'm fine.

Still, I often think of cancer. Besides, I have not fully back to the pace of life that I used to have. From time to time, I feel weak and sad. I still work under a therapeutic part-time arrangment, which gives me (too uch ?) time to remember the past.

I feel more vulnerable, more emotional, more human actually, closer to the others – the others, the livings, but the deads as well. I feel affection for the dead people. They smile at me: "Above all, take your time, no hurry."

The great barrier between life and death fell. The days seem numbered. This is not necessarily morbid. Being alive sometimes seems to me to be a miracle and it’s my chance.

But I do not have the same energy as before, neither physically nor cognitively. I'm easily distracted, I memorize with much more difficulty and I lose my concentration when I work in a noisy place. I gave myself sporting goals quickly abandoned because I could not raise my bike miles without feeling exhausted for days. Have I become an elderly looking forty?

I must continue to make efforts, because two years later, the fight is still not over.

I must to push myself, force myself, give myself a ‘kick to the buttocks’ as we say in French.

I have to be brave. No, braver.

I must also accept myself, practice mindfulness exercises regularly, be patient, continue to simplify my life.
 
To love myself and accept myself.

Courage and self-respect. To do and to be. To find a balance between the two. East and West. Points of departure and arrival, to rediscover, perhaps in a new ways, the joys of creating and loving.


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